Nous ne vous oublions pas, nous ne vous oublierons jamais !
Le vacarme des armes qui crépitent en Syrie et en Irak, en Lybie et en Afghanistan et dans plusieurs foyers de tension à travers le monde, et désormais en Ukraine, au cœur même de l’Europe, ne doit pas nous faire oublier notre Sahel, et le savant malentendu, suscité et entretenu entre pays frères africains, par des puissances étrangères. Sur notre sol.
Car, par-delà la crise intérieure malienne, les dégâts collatéraux sur l’unité africaine, sur les institutions sous-régionales d’intégration économique et, pire, sur nos ressorts culturels et nos codes moraux les plus sacrés, sont incommensurables. Des dommages profonds sur nos fraternités plurimillénaires ont été causés pour respecter un juridisme postcolonial, étranger à ce que nous sommes et voulons rester. La réprobation générale, sourde mais tenace, des peuples ouest-africains, fortement ressentie partout dans le monde et à travers la diaspora africaine universelle, est bien le signe que certains dirigeants africains rament à contre-courant de l’Histoire. Inféodés à la France puisqu’il faut la nommer, ils font preuve d’un zèle remarquable lorsqu’il s’agit d’exécuter les instructions de Paris. Au mépris des soupirs réprobateurs de nos peuples et des cris étouffés de notre jeunesse décomplexée, ils ont mis sous embargo toute la sous-région ouest africaine ! Eh ! Oui ! Les sanctions contre le Mali asphyxient les pays de l’UEMOA qui ont même décidé de desserrer l’étau… Qu’attend la CEDEAO pour revenir à la raison ? Il nous faudra véritablement, du temps et une volonté politique, ferme et résolue, pour tourner cette triste page de … désintégration régionale ( ! )
Peuple du Mali, dans le concert éhonté de la désinformation planétaire orchestrée par les médias mainstream, pour nous distraire et égarer nos esprits, restons vigilants et concentrés. Prompts à faire passer les victimes pour les coupables par des tours de passe-passe éculés, désormais largement éventés, les puissances européennes déclinantes n’ont de cesse d’utiliser la force des armes et celle des Mediaş pour maintenir et imposer l’ordre mondial inique qui confine notre continent dans la pauvreté et le mal vivre depuis des siècles.
Dans un monde gouverné par des « puissances » dont l’histoire ne dépasse pas trois siècles, ou alors dont les institutions étatiques sont récentes, relativement à celles du Grand Empire du Mali de Soundjata Keita au 13ème siècle, il est plus que temps de s’affranchir, totalement, de la tutelle mentale et culturelle qui nous apporte plus de malheurs que du bonheur. Il est temps de dresser, définitivement, l’inventaire des torts qui nous sont faits depuis la traite des esclaves, la colonisation, le travail forcé, le néocolonialisme et son cortège de pillages éhontés de nos ressources humaines, minières, naturelles et économiques ! Non pas pour geindre et supplier, mais pour assiéger la conscience universelle et exiger, qu’à défaut de réparations, les immixtions dans nos affaires cessent et que le partenariat avec les autres pays du monde soit juste et équitable. Le peuple juif l’a réussi.
Qu’attendent donc les peuples d’Afrique, si longuement et si largement martyrisés, pour se faire rendre justice ?
Peuple du Mali, prend conscience qu’une graine a été semée en terre malienne. Les autorités de la transition, elles-mêmes, gagneraient à prendre la pleine mesure des véritables enjeux de l’heure afin que la graine ne meure…
Ce qui se joue au Mali c’est la reconquête de notre Souveraineté africaine, la prise de conscience de nos potentiels et la ferme résolution de nous affranchir de îtoutes formes de tutelle. Le déclic malien dépasse, largement, les ambitions personnelles de quelques militaires ou de certains politiciens qui attendent leur heure de gloire. C’est le monde que nous allons laisser à nos enfants qui frappe à nos portes, après tant de siècles d’ignominies. C’est une Afrique nouvelle qui germe et qui poussera, n’en déplaise aux comploteurs de l’ombre qui vendent à vil prix l’avenir de leur pays en sacrifiant, à l’autel de leurs intérêts personnels et immédiats, le rêve de grandeur retrouvée de tout un Continent.
Sous ce rapport, le peuple du Mali doit rester soudé. Ferme et résolu. Les autorités de la transition, l’ensemble de la classe politique malienne doivent s’entendre sur un agenda précis et faisable dans des délais compatibles avec l’impérieuse nécessité de la restauration d’un appareil d’Etat qui fonctionne. Les enjeux sécuritaires du Mali sont pressants et des tâches urgentes attendent l’Armée sur ce front. Les défis sont nombreux et les urgences toutes prioritaires. Mais rien n’est impossible à un peuple debout !
Sur ce chantier et, plus que vous ne le pensez, tous les africains, tant sur le Continent qu’à travers la diaspora, sont prêts à accompagner le Mali pour la restauration de nos ambitions enfouies sous des siècles de mépris et de condescendance.
Peuple du Mali, il t’appartient dès lors de puiser, dans le tréfonds de notre Histoire, les forces décisives pour donner le signal de la Renaissance. Tu le peux. Nous le voulons !
Qu’Allah te guide, te soutienne et t’inspire !
Amadou Tidiane WONE
Ancien Ministre du Sénégal
info@amadoutidianewone.com
La situation au Mali soulève beaucoup de problématiques qui gravitent autour de l’indépendance de l’Afrique et la liberté de son peuple à déterminer librement son destin. Mais de quelle indépendance s’agit elle?
INDÉPENDANCE
L’indépendance indique une délivrance. Elle évoque, en effet, la conscience nouvelle d’avoir accédé à une identité nationale ne dépendant plus d’un conditionnement.
Être délivré d’une dépendance, avoir une conscience nouvelle d’une identité, ne suffisent pas pour être indépendant. Ils sont nécessaires mais point suffisants.
Ainsi, l’État indépendant doit identifier la nature de sa dépendance et s’inspirer des politiques engagées de développement durable afin de se départir de sa conscience de conditionné.
Ces politiques de développement doivent insister sur l’intérêt national afin de déterminer un ÉTAT D’ESPRIT d’indépendance et de liberté chez les populations. Un état d’esprit national dépourvu de pendant, c’est à dire:
• un état d’esprit non suspendu à d’autres pour activer par nous-mêmes les termes de nos politiques,
• Un état d’esprit non assujetti à une conscience de conditionné.
• Un état d’esprit dépourvu de nationalisme identitaire.
L’indépendance doit se traduire par une intelligence d’une dépendance qui sera la source d’une émergence de conscience nationale non identitaire. Une émergence de dirigeants formés sur la base de cette ideologie d’indépendance.
Pour ce faire, il impératif de vivre par, pour et dans le mouvement de cette conscience MAINTENANT.
Le passé est présent dans notre mémoire, le futur présent dans nos rêves. Le passé et le futur sont présents MAIN-TENANT.
Mettons nous au travail main-tenant. Il s’agit de construire un état d’esprit et même une conscience sur la base des idées du passé et celles du futur MAIN-TENANT.
Enfourchons le cheval de la détermination, de la persévérance et de la modération. Et tout cela, doucement, progressivement et méthodiquement. Sinon « l’oiseau bigarré ne serait pas mieux loti que le corbeau « .
Le défaut d’identification de la nature de sa dépendance est dangereux et pernicieux pour un État. Car Il court le risque de retomber sur des travers tels que :
1. Une inconscience d’une dépendance qui risque de le maintenir dans une conscience de colonisé et de conditionné.
2. Une identité nationaliste d’une dépendance. C’est là une source d’un mal développement qui individualise les États et dévoile leurs dépendances inconscientes.
En réalité, les individus et les institutions qui incarnent l’indépendance doivent être déterminés par un état d’esprit qui épouse les contours de l’esprit national. Ils doivent ainsi, apprendre à activer naturellement la conscience de l’esprit national.
Que cela soit nationale ou individuelle, l’indépendance indique un esprit qui se dépouille de son état de conditionné pour passer à un esprit libéré des pesanteurs qui constituaient jusque-là sa réalité. Il s’agit de s’affranchir de nos propres limitations.
Sur le plan individuel, les dépendances sont, bien souvent, émotionnelles. Se départir des émotions permet une expression naturelle des valeurs seules capables d’éclairer l’esprit.
En vérité, être indépendant c’est de se dépouiller des dépendances conditionnées et de ne dépendre que d’une conscience des valeurs.
« N’être conditionné que par les valeurs qui sont consubstantielles à notre existence est la véritable indépendance ».