L’activité politique dans notre pays s’est réduite, de plus en plus, au discours belliciste des uns contre les autres. Non pas sur des valeurs idéologiques, morales ou philosophiques. Non pas sur des approches économiques ou sociales. Mais sur de basses querelles interpersonnelles. Avec pour conséquence un morcellement de la classe politique sur des bases égocentriques voire sentimentales et claniques. La « politique » se conjugue aussi, hélas, au gré des reniements et des trahisons. Elle autorise les forfaitures et absout l’utilisation abusive des deniers publics, pourvu que l’on ne se fasse pas prendre. Au Sénégal, on peut en effet s’enrichir outrageusement. Au vu et au su de tout le monde et, plus grave, dans l’exercice de fonctions publiques. Sans coup férir. L’essentiel étant de faire preuve de générosité pour mouiller tous les segments de la société. Toute une science, que celle de savoir huiler des relais de communication dans tous les milieux, notamment médiatiques, pour asseoir un narratif qui transforme un escroc en bienfaiteur. Tout un culte du mensonge pour animer une scène sociale en perpétuelle représentation. Un exercice érigé en mode de vie pour certains : tous ces laudateurs impénitents qui roulent carrosses et bâtissent des immeubles qui nous bouchent l’horizon. Leurs baves intéressées éclaboussent nos médias, même et surtout lors des cérémonies dites « religieuses…»
Et donc, en politique, les sénégalais ne s’étonnent pas du tout de certains retournements de situation ! Tant le disque des politiciens professionnels, et même amateurs, est sans imagination. Convenu et misérable. Les danses du ventre se multiplient. Les complots et les pirouettes théoriques ont désormais droit de cité. Au grand dam de la simple morale. Le mercato politicien étant ouvert à l’horizon de l’élection présidentielle de 2024, attachez vos ceintures ! Cela va bouger de tous les côtés !
Plus sérieusement!
L’émergence d’un pays, encore que ce mot ne veuille pas dire grand-chose, tel que rabâché au quotidien, ne se mesure pas en termes d’immeubles construits, ni de statistiques savantes sur les taux de croissance supposés. Il ne se mesure même pas en termes de routes, de pistes de production ou de TER. Non plus par l’annonce quotidienne de pluies de milliards dont personne ne voit la couleur. Depuis les annonces triomphalistes faites à la sortie du Club de Paris il y’a une dizaine d’années, nous garantissant que les sommes « collectées » dépassaient largement nos attentes, nous n’avons cessé d’enregistrer….de nouvelles annonces (!) Nous nous endettons chaque jour un peu plus. Et cela nous donne l’illusion d’être riches… Jusqu’à quand? L’émergence ne signifie pas des mots et des chiffres qu’on aligne. Non plus les satisfecit décernés par les bailleurs de fonds ou les agences de notation.
Non!
Le progrès d’une Nation se mesure au bien-être effectif apporté à ses populations. On l’apprécie à la qualité du système éducatif et des perspectives d’ascension sociale qu’il offre. Il se jauge à la commodité et à l’accessibilité des structures dédiées aux services de santé. Pour tous. Avec un esprit de solidarité tel que les plus démunis soient soutenus par une sécurité sociale efficiente, une mutualisation effective des moyens de la collectivité pour le mieux-être de tous. L’administration de la Justice doit être au-dessus de tous soupçons car la qualité de vie d’un peuple est appréciable, aussi et surtout, par le niveau de sécurité et de sérénité dont jouissent les citoyens. La confiance des citoyens, attachée à la fiabilité des institutions de la République, est un baromètre du bien-être social.
Où en est-on au Sénégal en 2023 ?
En attendant, c’est par milliers que les jeunes fuient par la mer ce pays de rêves immergés !
Le développement d’un pays, c’est la conquête progressive de son autonomie alimentaire, par une agriculture centrée sur les besoins des populations mais aussi ouverte sur les transactions internationales. Produire pour se nourrir, oui. Mais aussi, produire pour vendre à l’extérieur et s’inscrire au cœur de la mondialisation. Non pas en spectateurs mais comme acteurs résolus et offensifs !
Je suis au regret de constater que, sous plusieurs de ces rapports, le Sénégal ne me semble pas être sur la bonne voie. En dépit de l’hyper activité verbale de certains…
Il va falloir CHANGER!
À l’occasion des prochaines élections présidentielles, mais bien au-delà, le débat qui doit être au centre de toutes nos préoccupations ne doit porter que sur la problématique suivante : comment rassembler et mobiliser les sénégalais pour changer le Sénégal. C’est-à-dire transformer, qualitativement, les conditions de vie du plus grand nombre de nos compatriotes, notamment les plus démunis! Alors on pourra commencer à parler d’émergence.
Sur ce chantier, une société civile forte, éclairée et intransigeante, reste une composante essentielle de l’équilibre de notre système démocratique. La politique politicienne ne doit pas contaminer tous les secteurs de notre nation. Il faut travailler à l’émergence d’un pôle citoyen fort pour barrer la route aux subterfuges politiciens qui menacent la réalité de la démocratie de notre pays. La multiplication des candidatures à l’élection présidentielle de 2024 est plus le signe de la faillite d’un modèle qu’un indicateur de performance. Le caractère farfelu de certaines prétentions déprécie la fonction et entache le prestige qui doit y être attaché. Cette situation doit nous interpeller tous. Nul ne doit assister, impassible, à la déliquescence des symboles les plus importants de « notre commun vouloir de vie commune ». Nous risquerions de le regretter très amèrement.
Na ñu Jog ngir Sénégal!
Amadou Tidiane WONE
Merci Tidiane. Ton texte est juste, bien écrit , inspirant. Oui
Je trouve le texte clair, lisible et bien pensé. Vous avez tout dit, sans doute vous êtes le meilleur munistre de la culture que le Sénégal n’ait jamais eu.
Content de vous. Le Sénégal est au dessus de nous tous…
Assalamou Aleykoum Ya Seydi. Merci beaucoup pour la pertinence de tes analyses et des orientations proposees. Les attentes des populations sont simples:
– quel Etat de droit nius proposent les futurs candidats;
– quels sont les vrais proprammes pour la sante, l’education, la securite alimentaire;
‘ quels programmes pour la relance de notre economie vecteur de croissance qui favorise la creation d’emplois pour les jeunes,
‘- commenr lutter contre la corruption dans notre adminisration.
Etc.
La societe civile doit se mobiliser durant cette prochaine campagne electorale pour imposer aux politiciens a debattre sur les problemes majeurs qui secouent notre pays pour nous eviter du deja vu!
Merci encore Ahmeth Tidiane Wone pour nous inviter et nous pousser a la reflecion et a l »engagement citoyen pour le bonheur de notre pays.