2024 : Quelques termes d’un vrai choix pour l’avenir

Amadou Tidiane Wone

Écrivain, éditeur et panafricaniste. Ancien Ministre de la Culture et ancien Ambassadeur du Sénégal au Canada.

Notre pays se trouve à un moment décisif pour opérer un choix qui va engager, durablement, l’avenir de nos enfants ainsi que celui de nos petits-enfants. Il s’agit donc d’un temps où, la lucidité extrême ainsi que l’examen minutieux de tous les paramètres s’impose. Sans empressement partisan, ni opposition systématique. La vie n’est pas un jeu ! L’avenir d’une nation ne se joue pas au poker menteur.

Au sortir de deux alternances démocratiques et, à l’épreuve des faits et de la réalité socio-économique et politique de notre pays, il convient de passer au crible les réussites, mais aussi les échecs, des modèles « socialiste » et « libéral » qui ont pris en charge les destinées de notre peuple depuis «  l’Indépendance. » Foin des incantations oratoires qui mettent en berne la Pensée !  Le rendez-vous électoral de la présidentielle de 2024 sera le moment d’opérer une rupture définitive d’avec la politique comme jeu, pour lui restaurer la dimension dramatique de son exercice. Plus qu’un jeu d’appareils ou la promotion d’individus, l’engagement politique est une vocation qui convoque, pour le moins, le sens du sacrifice suprême pour la satisfaction des besoins de ses mandants.

Sous ce rapport, les bilans de l’état de notre pays doivent porter sur la mesure exacte du mieux-être réel des populations. Individuellement et collectivement. A cet égard, un point devrait attirer notre attention sur les indicateurs à passer en revue : un communiqué officiel vient d’indiquer que la marine nationale vient de sauver 1000 jeunes sénégalais de l’aventure de la migration clandestine, après plusieurs  naufrages dont on ne saurait dénombrer les victimes. Pour la plupart des jeunes entre 15 et 25 ans…

Question : Comment expliquer que ces jeunes fuient, avec autant de rage, un pays où il ferait si bon vivre ? Hors des discours désincarnés et pédants des spécialistes de l’art oratoire, il faut regarder en face cette cruelle réalité et l’affronter. Pour constater, hélas, que nos politiques publiques ne donnent, jusqu’ici, aucun espoir aux jeunes. En dépit des milliards qui y sont prétendument  engloutis !

Le défi principal qui s’impose donc à mes yeux au futur Chef de l’état du Sénégal se résume donc ainsi : Offrir une perspective de vie et d’avenir soutenable et réaliste à la jeunesse sénégalaise qui constitue la majorité de la population.

Au préalable, les mesures suivantes s’imposent :

  • Auditer les politiques d’emplois des jeunes mises en œuvre par tous les régimes qui se sont succédé ainsi que les structures en charge de les exécuter. Au demeurant, un audit n’est pas un procès, même s’il peut y mener ! Il  s’agit seulement de comprendre  ce qui n’a pas marché. Pour ensuite aider à la définition de modèles qui fonctionnent. Enfin !
  • Articuler les politiques de formation au marché  de l’emploi en fonction des besoins de l’économie tant nationale que globale.
  • Faire de l’agriculture et de ses dérivés industriels Le moteur du progrès de tous les secteurs de la vie nationale.
  • Déterminer une politique de l’aménagement du territoire qui aille dans le sens de la vitalisation de toutes les parcelles du territoire national en fonction des potentialités locales en termes de ressources naturelles. 
  • Ramener l’éducation, l’instruction et la formation professionnelle au rang de paradigme pour mériter le respect et la considération en société en lieu et place de l’argent roi qui autorise toutes les supercheries.
  • Rendre à la Parole sa dignité féconde au lieu de la  laisser aux laudateurs qui encombrent l’espace public et font du bavardage et de la flatterie un moyen de survie.
  • Délester la fonction publique de tous les retraités et poids morts qui refusent, par des artifices contractuels  illégitimes, de céder la place à des jeunes mieux formés et plus aptes aux tâches d’une administration moderne et efficiente.
  • Traquer la corruption et l’éradiquer à tous les niveaux.   

Dans le brouhaha électoral qui a déjà commencé,  il va falloir que ceux qui comptent refuser une énième forfaiture « démocratique » pour assurer la survie d’un système devenu anachronique et dangereux se donnent les moyens de s’entendre sur un dénominateur commun pour sauver le Sénégal.  Les risques sont grands, évidents, périlleux.  Aucun confort mental ou matériel, fragile sinon factice, ne vaut la défense des intérêts de notre peuple et celui de son devenir.

Dans les jours et les mois à venir les professionnels de l’arnaque politicienne vont encore se mettre à l’ouvrage. Déployer des moyens financiers colossaux pour faire foule dans des meetings ou personne n’écoute ni ne comprend les orateurs.  Donnons-nous les moyens de conjurer le mauvais sort pour porter à la magistrature suprême un homme, ou une femme, qui soit à même de mettre en place une équipe solide, motivée et déterminée pour CHANGER LE SÉNÉGAL !

Notre pays ne manque pas de telles ressources ! Il suffit de les solliciter.

Tous les candidats devront faire la preuve qu’ils comprennent bien la situation actuelle du Sénégal, par rapport à l’Afrique et au monde, dans un contexte de redéfinition de l’ordre des puissances sorties de l’après-guerre.  Aucune approximation sur les grands sujets qui préoccupent l’Humanité ne devra être acceptée.

Les ressources naturelles du pays devront être valorisées pour améliorer considérablement les conditions de vie des plus démunis.  Aucune tentation de créer des milliardaires artificiels ne devra être tolérée. Les modèles de réussite de gestion des ressources pétrolières et gazières existent à travers le monde. Il faut s’en inspirer avec humilité et bienveillance. 

 Soyons exigeants ! Notre avenir est en jeu…

Amadou Tidiane WONE

info@amadoutidianewone.com

Commentaires

12 Commentaires

  1. Paps

    Tres pertinent. Notre beau pays le mérite . C’est le moment ou jamais de poser les jalons pour une sortie de crise définitive.

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  2. tidiane sidibe

    Merci pour ce généreux plaidoyer en direction des élites .Ce pays mérite ce sacrifice humaniste rien que pour honorer la mémoire des illustres devanciers qui ont tout donne pour pour aller vers ce cap!

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  3. Thierno S.

    La vigilance doit etre de mise pour que le peuple ne soit encore une fois berné par des rossignols professionnels de la roublardise uniquement mu par leur interets personnels et celle de leur proches.

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  4. Abdoulaye Paul SENE

    Merci cher frère pour ce plaidoyer de très haute facture qui devrait être lu et compris par une très large majorité des électeurs sénégalais.
    Le rendez-vous électoral de 2024 sera d’une importance capitale pour l’avenir de notre pays et de la sous région.

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  5. Amadou Tidiane WONE

    Merci à tous pour vos commentaires. Une chose est sûre : les sénégalais en ont marre des arrangements politiciens. Ce pays mérite une trajectoire ascendante qui mette fin à la facilité et aux enrichissements illicites. Rien ne devra plus être comme avant après 2024. Inch’Allah !

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    • Adama

      Sans doute, cet éclairage est de très bonne augure pour les potentiels électeurs. Le patriotisme économique avant tout, fin aux laudateurs qui fénéantisent nos politiques. Tout pour le peuple et par le peuple, la culture de reddition des comptes s’imposera, le bien public devra désormais être aussi sacré que la prière. Seuls le travail et l’éthique pour un Sénégal prospère. Ce sont là, les vrais principes qui doivent guider l’électeur citoyen car avec cette éthique, les marchands d’illusion n’y auront aucun droit de cité.

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  6. Mamadou Fadel KANE

    Un plaidoyer d’une haute facture qui découle d’un bon diagnostic de la situation actuelle du pays. Des pistes pour sortir notre pays de l’ornière ont été proposées. Je pense même que nos candidats à la présidentielle devraient s’en inspirer pour élaborer leur programme. Notre grand problème avec nos leaders, une fois au pouvoir, est le non respect des engagements tenus lors des campagnes électorales !

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  7. Mamadou Fadel KANE

    Je sais que vous ne faites pas partie de ces leaders ! Vous qui, face à une puissance comme la France, aviez osé lui retourner sa décoration.

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    • Mamadou Fadel KANE

      Parlant de Monsieur Amadou T. Wone,j’ai sciemment utilisé le terme « oser ». En effet, ce qui manque à nos dirigeants politiques, ce ne sont ni les bonnes idées, ni les techniciens pour les mettre en œuvre mais plutôt le courage !
      Il est évident qu’il y ‘à beaucoup de pesanteurs qui pèsent sur leurs frêles épaules : les intérêts des puissances étrangères, les revendications des militants de 1ère, et 2ème heure qui s’adossent sur leur base, sur les marabouts ou autres personnalités influentes pour imposer leurs idées ou atteindre leurs objectifs, l’opposition qui cherche à exploiter les failles du régime pour le fragiliser davantage.
      Tous ces intérêts antagonistes, par moments, s’entrechoquent et dans ce cas, le leader doit faire preuve de lucidité, de clairvoyance mais surtout de courage pour prendre des décisions fort importantes qui soient en parfaite adéquation avec la constitution de notre pays et avec le serment qu’il a prêté en face des sénégalais après son élection. Merci !

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  8. Ndeye Khary Dia

    Analyse pertinente comme toujours.
    Mais comment s’assurer que les engagements pris par le candidat élu seront respectés ?

    Réponse
  9. Ndèye Khary Dia

    Analyse très pertinente comme toujours.
    Mais comment s’assurer que les engagements pris par le candidat élu seront respectés ?

    Réponse
    • Amadou Tidiane WONE

      Bonjour et merci pour cette question qui interpelle tous les citoyens et surtout chaque électeur. Nous avons l’opportunité d’ici les élections et notamment après la phase des parrainages et la publication de la liste définitive des candidats d’occuper le débat public en exigeant de tous des réponses concrètes sur tous les sujets qui préoccupent la nation. Les modalités de ces exigences citoyennes doivent être définies et conduites à tous les niveaux par des gens rigoureux, lucides et déterminés. L’espace de ce blog est ouvert à toute contribution allant dans ce sens !

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