Leçon de Chine

Amadou Tidiane Wone

Écrivain, éditeur et panafricaniste. Ancien Ministre de la Culture et ancien Ambassadeur du Sénégal au Canada.

Et d’abord un triste constat : les téléphones dits « intelligents » sont en train de détruire, lentement mais sûrement, des identités construites sur des siècles de culture et de tradition et dont le projet mettait l’humain, au sein d’une famille, au cœur de l’ordre du monde.

Lentement mais sûrement, un modèle de vie se désintègre et se vide de son sens. Vivre en société se réduit de plus en plus à la contemplation de soi, et au regard décalé sur les autres, à travers l’écran tactile de nos smartphones.  Nos téléphones sont nos réveille-matins, nos bureaux portatifs, nos liens avec nos amours, nos enfants, nos amis, nos comptes en banque, notre santé… Lorsque l’on perd ou égare cet appareil, on est pris de panique ! Brièveté des vidéos, et mises en scène mensongères, y donnent à un être sans épaisseur, une fausse identité et, pour peu qu’il soit suffisamment hâbleur, un auditoire. À coup de « vues », dont on ne sait que la quantité, et non la qualité, il est devenu aisé de se constituer un public … virtuel et, prétentieusement, de revendiquer… une influence ! À coup d’insultes et de propos insipides, et bien souvent malveillants, on finit par recevoir des subsides de ces plateformes qui hébergent toute la schizophrénie du monde !

  Mon Dieu !

 Car, et à y regarder de près, la faune qui sévit sur Internet est plus proche d’un asile psychiatrique à ciel ouvert que d’un espace de convivialité. Et pourtant nos attentions sont captivées, disons capturées par des algorithmes qui nous baladent, au gré des clics, sur les sujets les plus « vus » du moment. Et on tombe dans le panneau, grossissant presque « à l’insu de notre plein gré » comme le disait Coluche, la cohorte de voyeurs qui sont le cœur de la cible des réseaux sociaux.

Pour des pays fragiles, comme les nôtres partagés entre les postulats pour le quotidien importés par l’école de Jean Dard, et les certitudes ancestrales piétinées par la mission « civilisatrice », le chaos de la pensée est orchestré par des ignorants prétentieux qui, malheureusement, ont voix au chapitre sur tout !

On ne peut plus laisser faire ! Il faut mettre de l’ordre !

Au besoin, au plan technique, en mettant en place des outils de filtrage et des paramètres de régulation de ce qui doit être dit et entendu à travers les réseaux sociaux. Il y’a également les voies juridiques et judiciaires à explorer pour remettre sur le droit chemin les récalcitrants abusifs et outranciers.

L’exemple de la Chine, dont nous avons vu, toute cette semaine, les performances extraordinaires dans tous les domaines est là : Ce pays  qui a inventé TikTok s’est donné les moyens de le réguler pour en faire un outil de partage d’informations éducatives et pertinentes. Mais non impertinentes ! Dans tous les secteurs de l’activité humaine, la Chine est devenue une puissance scientifique et technique qui aurait pu se suffire de son marché intérieur. Mais, et de plus en plus, toute la planète est envahie par ses produits dont la gamme est à même de satisfaire tous les segments de la société : des plus pauvres aux plus nantis. De la meilleure qualité à la moins bonne… Nous avons, dans le sillage de la délégation sénégalaise, et selon le compte-rendu de presse, visité des entreprises high-tech qui ont élaboré des solutions, clé en main,  à plusieurs des problèmes qui nous semblent insurmontables.

Pour ce qui est de la discipline, même à l’Assemblée populaire qui fait office d’Assemblée nationale, aucun cheveu ne dépasse, à croire que même  les applaudissements sont synchronisés !

La principale leçon que j’en tire est celle-ci : aucun pays ne se construit dans le désordre encore moins dans la pagaille !

Le récent séjour du Président de la République Bassirou Diomaye FAYE en Chine nous a donné à voir les conditions optimales de réalisation du progrès : discipline, rigueur,  ambition et travail ! Il n’y aucune place pour la magie ! Juste un leadership éclairé et  des institutions fortes, conduites par des hommes et des femmes qui veulent, ardemment, changer le cours de l’Histoire de leur nation…

Ce ne sont pas des monologues parallèles, flatteurs pour leurs auteurs, et quelques-uns de leurs inconditionnels, qui changent un pays. Il faut une large coalition de volontaires du progrès et du développement qui puissent  s’accorder sur une Vision à court, moyen et long terme, pour donner un vigoureux coup de gouvernail en vue de conduire notre pirogue (sunugaal)  sur les flots de l’émergence et du Développement.

Il est plus que  temps d’entreprendre ce vaste chantier, avec Humilité, Altruisme et Honnêteté.

#Jub Jubbal Jubbanti

Baaba

Commentaires

4 Commentaires

  1. Guimzo

    Très bien dit comme d’hab Moussé le Ministar. Ne jamais se lasser de dire et de redire..la répétition étant pédagogique, on finira par vous écouter et vous suivre..JAJEFFETTI

    Réponse
    • Oumar Waly Zoumarou

      Merci Baaba !

      Réponse
    • Baba diop

      La lucidité de tes propos cher turando est à même de secouer les inerties. J ajouterai qu avec l intelligence s ouvre l ère de la minorité qui pense de la minorité qui se laisse guider er l on dira pauvre de nous les ecervele.

      Réponse
  2. Fall khadim

    Bien dit mon grand. La Chine est un grand pays. Il y’a beaucoup de choses que vous n’avez pas vu. Mais votre récit donne largement c’est qui est la Chine. Je suis toujours ébahi à chaque fois que je m’y rende.

    Réponse

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