Jubbanti ! Jub, Jubbal !

Amadou Tidiane Wone

Écrivain, éditeur et panafricaniste. Ancien Ministre de la Culture et ancien Ambassadeur du Sénégal au Canada.

Ces trois mots, en langue nationale wolof du Sénégal, résument la philosophie et le moteur des actions qui sont entrain d’être posées par le nouveau régime né de la Révolution démocratique et pacifique issue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal . A ceux qui trouveraient le mot « Révolution » excessif, nous rappelons la longue marche du peuple sénégalais, avec sa jeunesse en fer de lance, au prix de nombreuses vies humaines pour prendre le Pouvoir !

Le peuple du Sénégal a en effet voté, sans équivoque, pour un changement de système et de mode de gouvernance. Il s’est prononcé, de manière claire et nette, pour la restauration de valeurs éthiques et morales dans la gestion des affaires de la cité. Notamment pour une Justice… juste (!) objet des premières Assises, contradictoires et inclusives, tenues à l’entame du mandat du nouveau Chef de l’État. Le Peuple s’est prononcé, encore une fois,  pour une « gestion sobre et vertueuse » des biens publics et, concomitamment,  pour un devoir de reddition des comptes à tous les niveaux. La feuille de route est claire. Il est, dès lors, impératif de se concentrer sur la réalisation de la mission confiée, par le peuple souverain, au Président de la République Bassirou Diomaye Faye qui a désigné, comme Premier Ministre Ousmane Sonko chargé de mettre en place les équipes, pour conduire cette politique, en vue de réaliser les vœux de notre Nation.

Sous ce rapport, toute personne, élue ou non, exerçant une parcelle de responsabilité publique ou privée doit, le temps du mandat confié au nouveau régime, avoir le souci de contribuer positivement à l’atteinte de ces  objectifs stratégiques.  Au plan économique et social, et à  tous les niveaux, dans les différents secteurs d’activités, nous devons tous œuvrer pour un changement qualitatif de nos conditions de vie. Cela implique une évaluation rigoureuse de l’existant, une fine compréhension des distorsions qui ont produit les conséquences désastreuses qui donnent le sentiment d’un chaos généralisé, malgré une inflation d’infrastructures, plutôt tape-à-l’œil !  En effet, la majorité des citoyens de notre pays tirent le diable par la queue et vivent d’expédients. Nous restons dans le peloton de queue des pays pauvres.  La fonction publique et le secteur privé, dit organisé, totalisent, à tout casser 600.000 emplois,  dans un pays de 18 millions d’habitants. Le secteur dit informel fait mieux : 4 millions de personnes en vivent et font vivre leurs familles. On devrait se demander où se situe le véritable moteur de la réalité économique de notre pays ! Au demeurant, les débats publics devraient s’ouvrir sur chaque réalisation et grand projet,  du régime sortant,  apprécier sa pertinence/opportunité, son coût réel/coût prévisionnel, son impact sur le développement de notre pays et le cadre de vie des populations. Cela étant fait, le temps de corriger ce qui mérite de l’être fera la différence. C’est cette première partie de la mission confiée au Président de la République qui est concentrée dans le générique « JUBBANTI, et je considère, pour ma part, que cela doit être la phase 1 du Projet : Rectifier, redresser, corriger, améliorer, suspendre ou annuler purement et simplement …Tous ces vocables en français se retrouvent concentrés dans le terme Jubbanti ! Une illustration de la richesse de nos langues nationales qui signifient plus qu’elles ne décrivent. Pour commencer le Jubbanti,  il faut identifier scrupuleusement les torts et les travers commis, débusquer les filous et les malfaisants qui ont contribué, au quotidien, à affaiblir les politiques publiques par le détournement de nos ressources et le contournement d’objectifs prioritaires pour la satisfaction d’intérêts particuliers, politiciens ou claniques. Sous ce rapport,  une lutte impitoyable contre la corruption est la priorité…prioritaire ( !) pour restaurer un État fort, capable de conduire un projet de changement systémique. Sinon on tournera longtemps en rond !

Après le Jubbanti, le Jubbal ! Consolider des valeurs éthiques et morales, civiques et citoyennes fortes pour en faire le vecteur du mérite et du progrès social. Chasser le « service camarade », les passe-droits, les pistons, les « je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un ». Rendre égaux les citoyens en droits et en devoirs. Et que personne ne dise que cela serait impossible avant d’avoir essayé ! Sous ce rapport, nous surveillons attentivement les nouvelles autorités et rien ne leur sera pardonné. Parce que nous avons déposé  notre confiance et nos espoirs sur leurs épaules,  nous veillerons à ce que le canari ne tombe et se brise…

Jubbanti et Jubbal en téléchargement, nous aurons commencé à instaurer une société du JUB, c’est-à-dire de droiture et de  rectitude. Une société où la parole donnée retrouvera son sens et son honneur. Une société où  la trahison vaudra  crime contre l’Humanité !  Une société où le mensonge et les arnaques seront réduites à la marge et non érigées en règle de vie.  JUB à tous les niveaux : de l’école primaire ou du Daara aux études supérieures les plus complètes, un système de valeurs fortes doit faire l’objet de cours et de rappels pour formater un citoyen de type nouveau, hautement conscient du fait que « l’homme est le gardien de son prochain »

Jubbanti, Jub, jubbal… C’est dans cet ordre me semble-t-il que nous devons, tous ensemble, et chacun à son niveau, contribuer à la construction d’un Sénégal apaisé, réconcilié et où il fera bon vivre.

Une des mesures à prendre, pour commencer, serait de bannir les espaces de politique politicienne qui se sont imposés comme des lieux d’éclosion d’entreprises de positionnement social, où la traite des militants est une industrie qui permet à quelques initiés de se servir et non de servir.  Assainir l’espace politique par l’audit de tous les partis et la dissolution de toutes les organisations qui ne répondraient pas à un cahier des charges suffisamment contraignant pour décourager les multiples aventuriers, sans vision ni programme, qui sévissent sur les plateformes numériques et les plateaux des médias audiovisuels. La conduite des affaires d’un pays doit être protégée. C’est une mission de salubrité publique !

Pour dire le tout, 100 jours après la prestation de serment du Président Bassirou Diomaye Faye, je persiste et signe : les signes sont rassurants ! Les actes posés sont  fidèles aux engagements pris. Notre espérance est donc intacte.  

Néanmoins, accélérer la cadence sur le JUBBANTI est nécessaire et attendu. Nous comprenons les contraintes du JUB : conduire les changements en respectant scrupuleusement les procédures légales et règlementaires.  Mais il est urgent de mettre fin à certaines pratiques qui ont fait beaucoup de mal à notre  pays… Cela passe par le changement de personnel ou le changement de comportement de certains personnels ! Ceux qui seront rétifs à tout changement, et chercheront à perpétuer les mauvaises pratiques antérieures, doivent être identifiés et rappelés à l’ordre. En cas de refus de s’aligner sur les nouveaux paradigmes, ils doivent être mis hors d’état de nuire. Ce pays a voté pour le changement ! Rien ni personne ne doit rester en travers de cette commande publique.  

Le Peuple nous regarde !

Amadou Tidiane WONE

info@amadoutidianewone.com

www.amadoutidianewone.com

Commentaires

2 Commentaires

  1. Moïse GOMIS

    Une analyse intéressante et très pertinente. Ce nouveau résume na pas le droit de nous trahir.
    Le peuple a tant souffert, nous avons beaucoup souffert et perdu pour un « changement de système  »
    Tout ceci, c’est dans l’espoir de pouvoir vivre dans un « Sénégal Meilleur « 

    Réponse
  2. Ly

    C est un excellent constat puisse Allah L Éternel les aider a suivre la voie des actes du respect de L autre et du juste partage des biens du peuple avec le peuple . Amine

    Réponse

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