On ne peut plus fermer les yeux sur les exactions violentes, et de plus en plus inacceptables, qui se déroulent en plein jour dans l’espace public de notre pays, le Sénégal.
Pour tenter d’y voir clair, posons quelques questions simples relatives aux derniers évènements liés à l’interpellation, suivie de la conduite au Tribunal de Dakar, manu militari, du leader du parti politique légalement constitué Pastef-les-patriotes : le Président Ousmane Sonko, Maire en exercice de la commune de Ziguinchor.
- Qu’est-ce qui a pu justifier l’arrêt du cortège d’Ousmane Sonko se rendant au Tribunal accompagné de ses avocats ?
- Qu’est ce qui explique le peu d’égard accordé à ses avocats qui ont déclaré être sur la route menant au Tribunal de Dakar pour convoyer leur client ? Les avocats sont des auxiliaires assermentés de la Justice. Rappelons-le. Leur parole devrait avoir une valeur.
- Quel est le motif légal de la mise en embargo du quartier d’Ousmane Sonko tous les jours qui ont précédé celui de sa convocation au Tribunal ?
- Quelle idée du respect des institutions saurait justifier la brutalisation du Député Guy Marius Sagna pourtant paré du drapeau de la République ? Un député est une personnalité élue au suffrage universel.
- Qui a donné les ordres qui ont semé tant de désordre pour une banale affaire de diffamation comme le tribunal en a connu et connaîtra encore ?
J’ai besoin, comme tous les sénégalais, d’entendre les autorités de mon pays se prononcer sur ces questions. Dans un pays normal, les porte-parole des Ministères de l’intérieur, de la Justice et de la Santé seraient montés au créneau pour donner les raisons des interventions de la Police, donner l’état des procédures à initier et leur niveau d’avancement. Nous aurions eu droit à une mise à niveau, en temps réel, du nombre de victimes, de l’état des blessés et des moyens mis en œuvre pour leur prise en charge. La démocratie et le sens du service public ne se réduisent pas à des mots. Ce sont des mécanismes, des attitudes et une manière de considérer les citoyens en toutes circonstances.
L’opposition, comme le pouvoir, ont la même dignité constitutionnelle. Il arrive, à la faveur d’une alternance, que les acteurs changent de bord. Nous avons assisté plusieurs fois, dans ce pays, au va et vient de personnalités d’un côté vers l’autre de la scène.
Et pourtant, il semble que les leçons du passé aient été vite oubliées. Et cela m’attriste personnellement. Car je vois d’ici les retournements de situation, les transhumances à venir. Les dénégations, sans honte et sans gloire, des paroles dites et redites… Je connais mon pays et ses gens…
En attendant, j’ai posé des questions. A visage découvert. Comme citoyen. J’attends des autorités de la République, qui nous appartient à tous, autre chose que des persiflages et des discours hors sujet. Je me contenterai, cela étant, d’un porte-parole quelconque ayant la dignité de parler au nom de la République.
Par contre le silence dédaigneux n’est plus de mise ! Au vu de toutes les rumeurs qui circulent sur l’état de santé d’Ousmane Sonko, Ciré Cledor Ly, Guy Marius Sagna, au nom de tous les détenus dont les rumeurs inquiètent les proches, l’autorité doit nous parler. Au nom des jeunes gens malmenés, brutalisés au vu et au su de tous les médias du monde.
Dans le même temps je déplore la mise à sac des commerces. Le vandalisme des affamés et la dégradation des moyens de transport public. Je déplore aussi la mise en danger des policiers soumis à la rage d’une jeunesse déboussolée. Et je me demande quel grain de folie est entrain de défigurer notre beau pays ?
Qui pour me répondre ?
Amadou Tidiane WONE
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