Éléments de réflexion sur les élections présidentielles prochaines et propositions programmatiques à l’intention du futur Président de la République

Scandre HACHEM

Fin observateur de l’actualité nationale et internationale tout en gardant ses idéaux de jeunesse, Scandre HACHEM fut Directeur de bibliothèques en France. Ses activités politiques au sein de différentes organisations lui ont donné une expérience qui en fait pâlir plus d’un. Resté éloigné du pays pendant 40 ans, il retrouve sa terre natale après sa retraite en 2014.

Première partie.

I : ÉLÉMENTS DE RÉFLEXIONS SUR LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES PROCHAINES

  1. Quelques remarques sur l’évolution de l’exercice du pouvoir d’État depuis la législature libérale sous Abdoulaye Wade

L’accès au pouvoir du Parti démocratique sénégalais soutenu activement par l’ensemble de l’opposition et en particulier de l’extrême-gauche, tous courants confondus, qui lui donnera son ossature et démultipliera sa force militante, a ouvert la voie à un processus de changement vigoureux et prometteur et à la participation de cette gauche radicale à l’exercice du pouvoir mais où elle finit par se faire quasiment dissoudre et perdre largement en visibilité et force de pression autonome. Cependant, les pratiques de ce que l’on appelle le libéralisme vont introduire dès l’avènement du second mandat du Président Abdoulaye Wade à l’usage tour à tour de pressions de toutes natures et de différents niveaux, menaces, accusations, corruptions, gardes à vue, emprisonnements, torsions juridiques et constitutionnelles. Ce dernier finira malgré tout par être balayé sous les coups de boutoir de mobilisations populaires massives donnant l’accès au pouvoir lors de l’élection présidentielle pour un troisième mandat à l’APR, issue elle-même du PDS, sous la direction de Macky Sall qui avait fait par ailleurs ses premières armes au sein de la gauche radicale. Là aussi, nous avons assisté à un premier mandat prometteur suivi par contre d’un second mandat similaire à son corollaire sous Abdoulaye Wade, mais à un niveau démultiplié dans tous ses travers.

On aboutit ainsi à toute une génération de militants formés à ces travers, les intériorisant non comme des dérives desquelles s’extraire mais comme constitutives des règles de l’action politique et de l’exercice du pouvoir.

Un bilan exhaustif et sans concessions mériterait d’être réalisé par la gauche radicale de ce flirt continu avec le libéralisme qui a épousé strictement l’évolution de ses pairs vers le néolibéralisme au niveau européen comme dans le reste du monde, avec comme conséquences la mise en place d’États autoritaires d’une brutalité extrême, la transformation de la supposée démocratie en système de plus en plus liberticide détruisant toute opposition forte, ferme et respectée, réduisant à néant tous les contre-pouvoirs et en conséquence toute vie démocratique, au prix de nombreux morts, blessés, amputés, emprisonnés, qu’on ne constatait plus depuis plusieurs décennies que dans les dictatures les plus féroces. C’est dire les glissements mortifères, liberticides et despotiques, enrobant l’ensemble du système d’une camisole de force soft et toujours plus étroite du néolibéralisme.

Tout cela devrait exiger dès lors un changement radical et structurel. Les conditions des présidentielles à venir, à moins d’un retournement spectaculaire dont seule l’histoire connaît le secret, ne semblent ni en augurer ni laisser espérer un tel changement pourtant si nécessaire vu le déséquilibre radical entre les forces en présence, certaines disposant, par la grâce de la mainmise sur les puissants moyens de l’État, de toute la visibilité et de l’amplitude nécessaires à l’accès et aux conditions d’accès au pouvoir alors que la seule alternative capable d’y faire face a été démantelée par une répression brutale, meurtrière, massive, des centaines de militants harcelés régulièrement et emprisonnés, y compris son dirigeant central et principale figure de l’opposition.

2)  Le choix d’un candidat unique de la gauche radicale

Réunir les candidats de la gauche radicale est une démarche qui pourrait être féconde, en tant que levier et sur d’objectifs précis, pour ouvrir la voie en vue de rassembler à terme l’ensemble des courants qui s’en réclament, autour d’actions unitaires sociales, économiques ou politiques, circonstancielles, spontanées ou librement négociées, aussi diverses et régulières que possible. Cela permettrait d’affirmer progressivement une force de gauche qui se réclame comme telle et de commencer la reconstruction de son autonomie et de sa visibilité.

Quant à la perspective immédiate de la présidentielle, la multiplicité des candidats de gauche ne pourrait que les affaiblir chacun, avec des résultats qui seront d’un éventail de proche de zéro à deux à trois pour cent au grand maximum. Quel autre intérêt à cela que celui d’animer et occuper un réseau relationnel pour faire passer quelques idées et en assurer un financement par ONG interposées ? Pour honorable, important et efficace autour de points précis que cela puisse être, cela ne permet pas de construire une alternative de gauche crédible et puissante.

Quant au choix du candidat unique, l’un des écueils à éviter serait de se lancer dans une primaire, sous quelque forme qu’on l’habillerait. Toutes les primaires organisées notamment en France, pour prendre cet exemple en terrain connu, ont abouti à choisir le plus consensuel et le plus lisse. Le résultat en a été systématiquement un glissement vers le centre droit, puis la droite pour aboutir enfin au flirt avec la droite extrême. Il en a été de même au Chili récemment où la gauche radicale a été portée par des mobilisations populaires si immenses et radicales qu’elles étaient proches de balayer le régime Pinochet. Le choix d’un candidat de gauche « modéré » et lisse, dans l’objectif d’un rassemblement plus large, a été un échec majeur, le principal enjeu de l’adoption d’une nouvelle constitution dans ce pays ayant finalement été rejeté par une majorité d’électeurs. La droite a été puissamment revigorée par les compromissions consenties par le candidat modéré d’une part, tandis qu’une grande partie des électeurs qui s’étaient fortement investis dans les mobilisations populaires ont boudé les urnes d’autre part, les deux éléments combinés ont signé l’échec de la politique prônée par le candidat choisi par la primaire.

Tout cela devrait porter la gauche à s’en détourner et choisir une autre voie parmi deux autres :

  • un consensus direct entre les différents candidats sur le nom d’un seul, le plus à même de porter un changement radical et d’emporter les résultats les plus larges
  • un tirage au sort du candidat unique si visibilité et force équivalente, ce qui semble être le cas aujourd’hui. Cela aurait un double avantage : faire taire les égos de chacun et contenir l’importance que pourrait s’octroyer le candidat tiré au sort.

Accompagner enfin le choix fait par l’une ou l’autre voie de la mise en place d’un « Conseil des sages » qui serait doté d’un pouvoir de contrôle éthique exécutoire et proéminent sur les choix et décisions du Président de la République et/ou du gouvernement. Ce Conseil des sages serait composé par les autres candidats qui n’auront pas été retenus. Il devrait s’ouvrir à d’autres personnes reconnues pour leur expérience et leur probité grâce à processus à définir et affiner. Ce Conseil des sages n’est en aucun cas un Conseil constitutionnel bis qui, lui, est chargé de veiller à conformité des lois à la Constitution. Il a donc un rôle juridique alors que le Conseil des sages a un rôle éthique conforme aux besoins sociaux de l’immense majorité de la population.

L’ensemble des candidats ayant participé au processus du choix du candidat unique doivent participer à la campagne, séparément ou de préférence par petits groupes de deux ou trois et expliquer le choix qui a été fait à ce sujet, y compris concernant la mise en place du Conseil des sages. L’appartenance au Conseil des sages doit relever d’un esprit militant. Elle ne doit pas être source de privilèges quelconques. Elle donne lieu à des indemnités raisonnables.

Le principe de ce Conseil des sages pourrait être une préconfiguration, dans le cadre d’un éventuel projet de refonte des institutions, d’une reprise et réactualisation de certaines instances de l’exercice des pouvoirs dans les civilisations africaines avant les invasions coloniales. L’Afrique a créé et porté des instances de pouvoirs tant au niveau de communautés, d’États ou d’empires. Il serait temps de renouer avec cette histoire et cette créativité d’une part, de détricoter et de briser à terme la chape imposée par les institutions imposées par le colonialisme et hors desquelles ne serait point de salut.

3)  Contrôle et gestion autonomes des résultats des élections jusqu’à leur phase finale

L’opposition, toutes tendances confondues, devrait non seulement assurer une présence dans chaque bureau de vote, contrôler et recueillir tous les résultats. C’est ce qu’elle fait déjà. Par contre elle devrait mettre en place et faire reconnaître dans toute la mesure du possible, un bureau centralisateur propre pour faire le compte des résultats à tous les niveaux. Dans le cas contraire, obtenir l’engagement d’un comptage manuel sous le contrôle du pouvoir en place mais aussi des partis d’opposition. Si l’une ou l’autre condition n’est pas retenue et mise en place, il doit être clair que ce sera le candidat du pouvoir en place qui sera élu. Les comptages électroniques réalisés avec des logiciels conçus pour les élections peuvent être facilement manipulés. Certaines start up israéliennes en disposent spécialement conçus dans ce but et ont déjà été utilisés dans plusieurs pays (se reporter à ce sujet à mon article publié à l’occasion des dernières élections au Liban « Des élections manipulées : un danger récurrent on ne peut actuel ». Lien ci-dessous :

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid02getvuwZYH37c8MSrX2eU2tFgoU82Sm PmP8VYqEwNQUgmTAwBjpvDe57ffvkPWzCNl&id=100013997915073&sfnsn=wa&mibextid= Kx7xdq

4)  La question de l’Assemblée constituante

Ce concept, pour nécessaire qu’il puisse être, souffre d’une déficience majeure. Une Constituante a pour objectif de proposer une réforme généralement profonde des Institutions, voire d’en créer certaines et d’en adapter d’autres aux nouvelles évolutions et exigences politiques afin d’améliorer la représentation et la participation des populations à la vie politique.

Or les institutions ne valent et ne se justifient qu’en rapport avec le projet social qui les portent. Cela entend que la gauche radicale définisse d’abord son projet social, d’en poser la problématique et les questions corollaires. Quel type de société, quels rapports entre les groupes sociaux, les grands corps de métiers, entre les individus eux-mêmes comme entre les individus et le groupe, entre le ville et la campagne, etc … ? Quelle raison d’être de l’économie ? La satisfaction des besoins sociaux, la recherche du profit ? Quels en sont les objectifs ? Quelle place pour l’entreprise privée, l’entreprise publique, la répartition de la valeur créée, etc… ? Et bien d’autres questions bien sûr. C’est dire qu’une Assemblée constituante n’a de sens que si elle est adossée à ce que je nomme une Assemblée constituante sociale. Elle doit donner une traduction politique et institutionnelle à posteriori de cette de celle-ci.

D’autre part, il faudrait rompre avec les définitions classiques de la démocratie véhiculées par les traditions occidentales, qu’elles soient de base « un homme, une voix », ou réduites à de simples choix électoraux où la population est majeure et douée de raison un jour tous les quatre, cinq ou six ans. Tout le reste du temps, les citoyens sont appelés à retourner à leur statut de demeurés ou de mineurs qui ne peuvent agir et s’assumer comme des êtres doués de raison, de lucidité et d’autonomie, raisons pour lesquelles ils doivent déléguer tout cela à leurs représentants qui sont de fait leurs tuteurs légaux.

Enfin, il est nécessaire que les citoyens organisés en comités ad hoc, les représentants des syndicats, des associations, des corps de métiers et des différentes expressions de la société civile participent eux-mêmes au projet de rédaction de la Constitution et surtout éviter d’en confier l’élaboration aux experts, fussent-ils les plus compétents et expérimentés du monde, et dont le rôle doit être d’accompagner, informer et éclairer les acteurs de l’élaboration et de l’écriture du projet jusqu’à sa mise en forme.

Les civilisations africaines ont connu et pratiqué des systèmes démocratiques associant les grandes classes d’âge, les corps de métiers et autres catégories ou couches sociales, appuyés sur des pouvoirs de décision autres que celui « d’un homme, une voix ». Il faudrait les redécouvrir, les étudier, s’en inspirer voire remettre en œuvre certaines en les adaptant aux conditions actuelles de nos sociétés.

Subversion et travestissement des matrices de la démocratie occidentale

Il serait temps de questionner de fond en comble les principes sur lesquels se fondent les systèmes politiques occidentaux que nous prenons tous pour argent comptant alors qu’ils sont le produit d’une histoire particulière, de choix spécifiques pour l’appropriation du pouvoir d’État dans des conditions économiques, sociales et politiques données.

Le principe de « un homme, une voix » une fois généralisé, est très certainement, à y regarder de plus près, l’une des matrices par lesquelles les sociétés modernes ont progressivement mis au même niveau les enfants, les jeunes, les adultes et les personnes âgées. Articulé au principe d’égalité formelle entre les individus, le statut spécifique des uns et des autres s’est dilué.

On peut constater entre autre conséquence sociétale de ces deux principes l’affaissement de l’autorité régulièrement dénoncé aussi bien par les politiques que par les responsables sociaux, y compris par les parents. Bien des dispositions ont été adoptées ces dernières décennies, y compris articulés avec des mesures de plus en plus répressives, sans jamais produire de résultats probants, bien au contraire. Dans le même temps, les barrières qui séparaient les adultes des enfants, y compris au niveau de la sexualité, ont régulièrement été repoussées, pendant que les mineurs qui jouissaient des règles et lois de protection de l’enfance, étaient de plus en plus soumis aux contraintes réservées aux adultes.

Pour prendre d’autres exemples, le fait de proclamer que tous les citoyens sont égaux est en réalité une grande lessiveuse et productrice de l’exclusion sociale.

Devant la loi, la prétendue égalité de ces mêmes citoyens crève les yeux et détruit d’autant plus efficacement les personnes. En effet, quelle égalité entre le citoyen qui passe devant le juge en comparution immédiate et celui qui dispose d’un cabinet d’avocats pour sa défense ? Entre ces deux extrêmes se déploient toutes les nuances d’inégalités et de conséquences corrélées, mais la faute relève de la seule responsabilité de la personne mise en cause devant le juge, donc de l’accusé. Si vous avez été condamné, et si lourdement eu égard à votre délit, c’est parce que vous l’avez mérité tandis que l’autre qui a commis le même type de délit mais bien plus grave y compris dans ses conséquences bien plus désastreuses pour le corps social il en sera autrement. Ainsi en est-il du délit de vol qui coûte quelques unités monétaires dont l’auteur subit une lourde peine eu égard à celui à « col blanc » qui coûte quelques millions de cette même unité monétaire mais qui est au pire condamné à une simple amende dérisoire en comparaison du montant des vols déclarés, passant si possible au silence ceux largement occultes et/ou une condamnation à une peine assortie de sursis, quand il n’est pas relaxé au bénéfice du doute ou autre vice de procédure.

Il en est de même pour pour ces millions de personnes déclassées, sombrant dans les difficultés qui s’accumulent, isolées socialement et qui, parce qu’elles sont égales face aux contraintes de la vie sociales portant la responsabilité de leur échec et de leur exclusion sociale et jusqu’à leurs droits sociaux, y compris en y renonçant par usure car ne disposant pas des compétences en informatique nécessaires pour accéder aux services sociaux, et dénoncés depuis près de deux décennies maintenant comme relevant dorénavant de

l’assistanat pour mieux les dévaloriser et les jeter à la vindicte sociale en prenant bien soin d’orienter l’attention sur les émigrés devenus les boucs émissaires de tous les maux d’une société en crise. Réunis autour des ronds-points après des années d’isolement et de repli sur soi, les Gilets jaunes, à travers leurs échanges, ont pu enfin se rendre compte combien ils avaient assumé leur déclassement et leurs difficultés comme relevant de leurs seuls responsabilité et manquements, en en éprouvant de la honte qu’ils cachaient en s’isolant socialement toujours plus, tant ils avaient intériorisé le principe d’égalité pour tous les citoyens et en conséquence de leur seule responsabilité face à la nasse dans laquelle ils étaient englués.

Enfin, c’est au nom de l’égalité et de la liberté, notamment du commerce, que les quatre-vingt-dix pour cent de la presse mainstream se retrouvent en France entre les mains de Neuf personnes, toutes milliardaires s’entend.

Le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple …

C’est au nom des ces principes que la démocratie, qui signifie « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », a été réduite à quelques modalités opérationnelles puis travestie de fond en comble pour devenir une immense arnaque sans fond destinée à soumettre l’immense majorité de la population à son idéologie et la déposséder au maximum possible de la production de richesses qu’elle crée par son travail.

C’est aussi au nom de ces mêmes principes que les peuples de continents entiers ont été l’objet de génocides, de toutes sortes crimes de guerre et de toutes sortes de massacres, mais aussi de mises au point de systèmes de soumissions pour mieux s’approprier leurs richesses minières, agricoles ainsi que les fruits de leur travail à leur profit profit exclusif, une partie minimale étant redistribuée à leur population pour mieux la faire adhérer à ces crimes et ces pillages. L’Allemagne nazie a développé exactement les mêmes pratiques, son crime suprême a été qu’elle les a exercées sur les peuples européens et blancs qu’elle avait envahis et occupés alors les autres les ont exercées sur des peuples noirs, rouges, jaunes et autres basanés. Ainsi prétendus démocrates et tenants du totalitarisme ont exercé les mêmes pratiques pour des objectifs identiques, s’approprier les richesses des peuples conquis, la seule différence se trouvant dans leur habillage idéologique, les premiers se drapant de valeurs civilisatrices et universelles tandis que les seconds parlant plus crûment d’espace vital. À remarquer que l’État d’Israël combine les deux en les adaptant à sa situation particulière : tout en se réclamant comme « pont avancé de la civilisation contre la barbarie » sans prétentions civilisatrices des prétendus barbares qu’il relègue au rangs d’animaux d’une part, exige un espace de sécurité dans un premier temps, plus crûment de guerre existentielle depuis trois décennies, soit avec l’assassinat de Rabin orchestré par l’extrême- droite tous courants confondus d’autre part.

Une troisième matrice de cette évolution se trouve dans la définition proclamée par celle-là même qui symbolise le néolibéralisme d’État, Margaret Thatcher, selon laquelle il n’y aurait pas de société mais uniquement des individus luttant pour leurs intérêts. Ces trois postulats, pour attrayants et honorables qu’ils puissent être ou être présentés, devraient être requestionnés de fond en comble. À conditions économiques, sociales, culturelles, éducationnelles, intellectuelles et autres, égales voire très proches, tous les êtres humains seraient effectivement égaux. Telle n’est pas la réalité dans les nations ou sociétés où ces postulats restent en fait entièrement formels. Imposer dès lors que des individus foncièrement inégaux dans leur réalité d’être soient définis comme égaux dans la loi est intrinsèquement génératrice d’injustice. Pour être fécond, le principe d’égalité doit être posé comme objectif à atteindre et à performer, non comme une réalité acquise.

Nous devrions bâtir un système qui se fonde sur le principe selon lequel l’être humain naît selon des contingences naturelles et culturelles qui le prédéterminent dans une très large mesure et multiplient les facteurs propres à l’y maintenir. Nous nous engageons en conséquence à créer une société qui se donne pour objectif de développer un système économique, social et politique doté de moyens adéquats pour réduire les effets des contingences qui tendraient à l’y maintenir et l’y enfermer selon les conditions de sa naissance, des aléas de son environnement comme de son parcours spécifique. Nous nous engageons à créer une société solidaire et du vivre ensemble, à œuvrer à l’améliorer dans l’objectif d’une réduction régulière des inégalités entre ses membres, de promotions des individus et des groupes sociaux et enfin à développer les conditions d’exercice de la liberté des uns et des autres selon leurs intérêts en tant que personne comme en tant que membre d’un collectif qui a choisi de vivre ensemble. Chaque membre de notre société a le droit de sécession (et de retour volontaire) pour rejoindre une autre société dans un but de découverte et/ou d’y trouver un ailleurs meilleur.

Par contre bâtir, à la mode de type occidental, un système sur des contre-vérités démenties quotidiennement, aboutit nécessairement, lorsqu’elles sont intériorisées par l’essentiel de la population, à une société schizophrène. Jamais les États profonds de l’Occident, par leur action propre comme par l’action continue de leur actuel maître états-unien, avec le soutien massif et l’adhésion sans faille de ses vassaux, n’ont, en toute bonne conscience, fiers, auto- satisfaits d’eux-mêmes et imbus de leurs valeurs prétendument humanistes et universelles, produit autant de massacres et de destructions que l’humanité aie jamais connu dans son histoire. Et nous devrions ou voudrions suivre leur modèle ?!

5)  Refonder la terminologie des courants politiques

Il serait fécond de travailler sur une terminologie des concepts politiques selon la compréhension que l’on peut en avoir à travers nos cultures et nos traditions. Reprendre la terminologie occidentale littérale a toujours donné pour résultats une mécompréhension, voire un mur de verre entre les masses populaires d’une part, l’élite intellectuelle et technocratique comme nombre de formations politiques toutes tendances confondues d’autre part. Cette refonte, esquissée déjà par certains courants faut-il le préciser, devrait concerner les langues nationales essentielles en attendant de pouvoir les généraliser à toutes les autres, y compris les plus minoritaires. Une adéquation entre les termes et concepts doit exister avec la compréhension et le vécu des populations qui les reçoivent afin qu’elles puissent les comprendre et les aider à mieux les apprécier en fonction de leurs intérêts.

Le 11 janvier 2024

Scandre HACHEM

scandre1@hotmail.com

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