Le Président de la république a procédé à la remise de plus de 1600 génisses et quelques taureaux de 5 races supposées laitières améliorées: Montbéliard, Normande, Jersey, Holstein-Friesan et….
Pourquoi cette mixture de race? Quel est le schéma d’amélioration génétique? Comment atteindre l’autosuffisance alimentaire en lait et produit laitier?
Cette contribution en 3 chapitres répond partiellement à ces questions pour la mise en place d’un plan laitier et la démocratisation de sa production-consommation
I. CHOIX DE RACES ET SCHEMA D’AMELIORATION
La Holstein-Friesan est une race entièrement laitière, son histoire est intéressante. Elle n’est pas rustique et est plutôt adaptée aux climats tempérés. Elle préfère des fourrages verts plus que les ensilages ou foin. Elle est moins productive en notre milieu. Par rapport à son prix élevé et ce manque de productivité, quelle est la rentabilité?
La Montbéliarde est une race mixte mais à forte tendance laitière. C’est aussi une race de zones tempérées. Comme la Holstein Freisan, elle est moins productive sous nos cieux mais acceptable.
La jersey est race de production laitière moyenne (10 fois plus que la zébu peulh toutefois) et adaptée à nos conditions climatiques. En la matière, elle est dite race mixte (viande lait). Importée depuis le début des années 80 surtout avec la ferme de l’ancien premier ministre (Habib Thiam), il s’impose de faire le bilan pour elle aussi.
La normande est une race mixte mais plus productive en viande. En France, elle est surtout localisée. Pour la production, nos années Senghor font qu’on est nostalgique mais, elle est largement dépassée par les trois premières.
Je ne connais pas la 5ème race, je suis hors métier peut-être!
Au demeurant, les prix d’acquisition sont exorbitants; il faut faire quelque chose!
Je rappelle aussi que des races africaines laitières existent au Niger, au Mali ou en Mauritanie. Pourquoi on s’est abstenu de les importer ?
II. RAPPEL DES FONDAMENTAUX D’AMELIORATION GENETIQUE SURTOUT LAITIERE
1. En génétique, on doit prendre une option claire: race totalement laitière, race à viande, race mixte. Est-ce que la multitude de races signifie différents schémas? ou est-ce un mélange?
2. En génétique aussi, il faut choisir le degré de mixité: pure, F1 (croisement 1/2, 1/2) F2 (1/4 3/4)? On doit prendre une option claire qui doit correspondre au niveau de production laitière voulu.
3. La sélection génétique a un préalable : la maitrise des conditions environnementales dont, en premier lieu, la production fourragère. Mais les laitiers avouent ne pas avoir de terres pour cela. Il est bon d’être clair: LA PRODUCTION LAITIERE EXIGE DES FOURRAGES RICHES À DISPOSITION. ON L’A, ON Y VA OU ON NE L’A PAS, ON FAIT AUTRE CHOSE EN ATTENDANT. SI C’EST SEULEMENT L’ALIMENT DE BETAIL SEDIMA QUI EST DISPONIBLE, N’Y ALLEZ PAS , CAR C’EST DU GÂCHIS POUR UN RUMINANT!
4. On doit se prémunir de spolier le gêne de nos races locales comme le cas actuelle de la Gouzeria. Le Ministère de l’Elevage doit indiquer les limites des croisements et avoir un plan de conservation du gêne local.
III. SIX AUTRES FONDAMENTAUX D’UN PRGRAMME LAITIER
1. Les éleveurs doivent être organisés; ce qui est le cas avec l’ANPIL. Pas juste un syndicat mais un cadre de suivi génétique et de sélection.
2. Un centre de suivi, de sélection et de conservation des semences doit-être disponible. La sélection laitière se fait sur les taureaux et est basée sur les performances de leur mère. Le centre jouera les rôles (i) d’étude des performances, (ii) de sélection de taureaux pères des futures génisses et (iii) conservation des semences à vulgariser chez les éleveurs et (iv) conservation génétique de la race.
Des techniciens aguerris doivent conduire ce programme, en collaboration avec la coopérative des producteurs de la race dans le pays. Le centre devra couvrir le programme d’insémination artificielle nécessaire à la production laitière. Ce sera un hub vétérinaire de la production laitière.
3. La Production laitière exige un plan fourrager claire et un
4. Schéma claire de vulgarisation agricole
Il est relaté plus haut la nécessité d’avoir des fourrages grossiers riches et verts. Par ailleurs, pour les fourrages disponibles, quelles sont leur valeur bromatologique, énergétique et protéique (les fameux PDIN et PDIE) ? En quoi peuvent-ils couvrir les besoins de production laitière ?
La vulgarisation agricole a des normes, (recherche qui définit le cadre technique d’utilisation, publie les itinéraires, vulgarise dans un premier temps chez les champions puis, avec les sociétés de développement, assure la grande vulgarisation avec un accompagnement de techniciens). J’espère que la recherche a défini ces caractéristiques nutritives et les conduites culturales d’une part, et que les techniciens y sont initiés pour les vulgariser, d’autre part. Un schéma de vulgarisation de la production serait bienvenu pour accompagner le programme laitier.
5. Grandes Unités de transformation pour être rentable!
Pour être rentables et populaires, des unités de collecte et de transformation de millions de litres ou hl par jour doivent être créées (3 à 5 dans le pays à régime fort) sinon les petites unités reviendront chères et ne seront disponibles que dans les supérettes pour une certaine classe sociale. D’ailleurs d’une manière générale, l’élevage laitier est détenu par la haute bourgeoisie surtout par passion; avec de petites unités de transformation et des produits vendus à prix forts et souvent en faillite après quelques années. Il est attendu des grandes unités de démocratiser le lait et d’élargir sa consommation.
6. PLAN LAITIER
La démocratisation de la production est nécessaire pour réduire le prix. Le monde rural doit être impliqué dans la production. A terme, une à 10 vaches laitières, dans le tiers du million d’exploitations agricoles pourraient être un objectif.
Pour tout cela, un plan laitier de 25 ans pourrait être mis en place pour une exécution harmonisée et démocratique en lieu et place de la situation actuelle où les pauvres (l’Etat) subventionnent les riches fermiers et consommateurs urbains.
L’ASIA et l’Ordre des vétérinaires pourraient initier le processus par un atelier sur l’Etat des lieux des 40 ans de production laitière.
Ibrahima Mat Dia
Ingénieur Agronome Zootechnicien Pastoraliste
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