La projection mémorielle se traduit par l’inauguration d’un mémorial.
Malheureusement, nous n’en avons tiré aucun enseignement. Nous refusons de pointer du doigt la chaîne éloquente des responsabilités.
Est-ce parce que GRAWOUL, comme le craignait mon ami et frère Amadou Tidiane Wone, Baaba, pour les proches alors Ministre de la culture.
Avant le JOOLA, il y a eu la plus grosse catastrophe technologique dans le transport et le stockage de l’ammoniac depuis 1935. Aucune responsabilité n’a été recherchée.
L’occurrence de tels sinistres majeurs sans leçon apprise dans une échelle de temps aussi rapprochée est suffisamment inquiétante.
Le naufrage du JOOLA est ce que l’on peut qualifier d’accident totalement stupide. Sa survenance ne peut en aucun cas être comparable aux circonstances ayant entraîné la catastrophe du Titanic. Le JOOLA était sur une mer d’huile. Il n’y avait aucun élément exogène pouvant affecter la coque, le gouvernail…
Le navire s’est tout bonnement retourné comme une calebasse trop remplie d’eau.
Il y a, donc, bien des responsables. Ces derniers ne doivent certainement pas dormir tranquillement à ce jour.
Connaissant la capacité totale d’accueil du navire, qui a autorisé la vente de tous ces tickets d’entrée ? Je ne suis pas tenté de croire que l’accès au navire était libre et gratuit.
Viendrait-il à l’idée d’un commandant de bord d’autoriser l’accès à bord de l’aéronef trois fois plus de places disponibles dans l’avion ? C’est d’autant plus inacceptable que nous nous trouvions dans une chaîne de commandement militaire. Par action ou par omission, il y a eu une négligence coupable. Le facteur aggravant est l’état de navigabilité du navire. Des questions légitimes ont été soulevées. Omerta totale sur l’état des moteurs. Deux moteurs, un moteur ? La réponse est quelque part dans la documentation afférente au commandement du navire avant le largage des amarres.
Les tragédies vécues à ce jour, les traumatismes endémiques depuis ce 26 septembre 2002 devraient contraindre l’État à un devoir de réponse. Un mémorial, c’est bien si et seulement si, le visiteur est à même de comprendre ce qui s’est passé.
Youssoupha Diop
youssouf.diop@gmail.com
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