RAPPEL
Le titre ci-dessus m’a été inspiré par une réflexion que j’avais intitulée, en janvier dernier, « UEMOA ET CEDEAO, LES MASQUES TOMBENT » rédigée au lendemain de la publication des sanctions illégales, illégitimes et cruelles que les dirigeants de la CEDEAO avaient infligées au Mali pour l’amener à organiser des élections dans des délais irraisonnables.
Je rappelle ci-dessous les grandes lignes de ma réaction devant ce qui avait provoqué une profonde stupeur de ceux qui, comme moi, ne pouvaient comprendre comment les dirigeants de la CEDEAO pouvaient justifier des sanctions aussi draconiennes contre un des leurs dont le territoire était coupé en deux par des actions « terroristes » savamment orchestrés par ceux qui prétendaient l’aider à assurer sa sécurité. En voici quelques extraits.
« Ainsi donc, avec une célérité déconcertante, les chefs d’Etat de l’UEMOA et de la CEDEAO ont décidé d’infliger au Mali des sanctions aussi cruelles qu’injustifiées allant jusqu’à décréter la fermeture des frontières avec ce pays.
Cela dénote une véritable volonté d’étouffer un Peuple qui a vécu, ces dix dernières années, les affres d’une déstabilisation orchestrée par l’ancien colon sous les fausses couleurs de lutte contre le terrorisme. Et pourtant, malgré les énormes forces d’occupation déployées à ce titre, la France n’a réussi qu’à couper le Mali en deux zones poussant l’outrecuidance jusqu’à interdire l’accès de l’une d’elles aux Autorités et aux Forces de défense maliennes. Cette zone, est évidemment la plus riche en ressources de toutes sortes dont les industries françaises ont besoin pour leur survie».
RESISTANCE
Aujourd’hui, voici qu’après avoir tenté en vain de plier les Autorités de la transition malienne, ceux qui, sous l’injonction de leurs maîtres du nord, cherchaient à renverser le Gouvernement de Bamako en provoquant un soulèvement populaire, ont remisé leur criminel projet au placard devant la détermination des dirigeants et du Peuple maliens. Qui plus est, ceux-ci ont serré les rangs pour renforcer la souveraineté de leur pays par des mesures courageuses et avec le soutien des populations africaines : expulsion de l’Ambassadeur de France et des troupes françaises, interdiction du survol du territoire national, recours à la coopération militaire russe pour chasser les faux terroristes… Des Gouvernements courageux, Guinéen et Mauritanien notamment, leur ont manifesté une solidarité saluée partout en Afrique. Au demeurant, la fermeté de Bamako a fait des émules puisque le Niger, le Burkina et la Guinée ont montré des velléités de souveraineté qui ont secoué le monstre françafricain.
PARADOXES
Et voilà que je dois souligner le cas particulier du Sénégal dont l’attitude dans l’application des sanctions de la CEDEAO aura été doublement paradoxale :
- Notre propre économie aura été la première victime du blocus irresponsable infligé à notre voisin de l’Est au point que nos opérateurs économiques l’ont condamné très fermement ;
- Nous nous sommes permis, avant ou dans le même temps, de rejeter les injonctions de la Cour de Justice de la CEDEAO notamment dans le dossier de Khalifa SALL et le système du parrainage qui a servi à éliminer des candidats aux élections passées ou à venir.
Je crains que nous n’ayons à y ajouter un autre paradoxe quand on sait que Macky SALL semble chercher les voies et moyens d’une troisième candidature à la présidence de la République que récusent les textes de la CEDEAO.
Comme je le soulignais dans ma réflexion précitée, nul ne s’est étonné de la diligence avec laquelle des dirigeants francophones avaient décidé et appliqué les sanctions prises contre le Mali. Quand Paris lève le petit doigt, ils se lancent toujours dans une course indigne à la servitude volontaire. Ce que je ne puis comprendre, c’est que des pays comme le Ghana et le Nigéria aient pu se joindre à un complot aussi cruel et lâche qui a mis un peuple frère déjà meurtri au bord de l’agonie.
Fort heureusement, le Mali, puisant sa force et son courage dans son passé glorieux bâti par ses valeureux fils, de Soundiata à Modibo, a su résister aux pressions d’un syndicat de dirigeants dont une bonne partie est constituée de putschistes constitutionnels qui n’ont hésité devant rien pour accéder au Pouvoir ou le conserver illégalement. L’arrivée à la présidence de la CEDEAO du chef de l’Etat bissau-guinéen, pourfendeur du troisième mandat, va-t-il y changer quelque chose ?
Il n’est pas difficile de comprendre que quand un pays perd les deux tiers de son territoire, sa priorité se pose en termes d’intégrité, donc de défense et de sécurité, plutôt que d’élections et de durée de transition. Cela relève, non pas seulement du bon sens, mais aussi du réalisme puisqu’on ne voit pas comment des élections pourraient être organisées dans une zone occupée par une armée étrangère et dont l’accès est interdit aux forces nationales de défense et de sécurité.
Le Mali a donc montré la voie à ceux qui, secoués par la domination et l’exploitation de leurs pays, luttent de toutes leurs forces pour les extraire d’une servitude volontaire qui étonne et indigne le reste du monde.
« La CEDEAO veut substituer une souveraineté communautaire factice à une souveraineté légitime du Peuple malien qu’elle n’a jamais pu aider ni dans sa lutte contre le terrorisme, ni contre les dérives politiques du président déchu, membre de leur syndicat d’affairistes. Disait Ousmane SONKO.
LA LUTTE CONTINUE
C’est par la lutte qu’on se libère. En acceptant, sur un plateau de bronze, une « indépendance » nominale assortie d’accords secrets contraignants, nous avions ouvert la porte à une soumission totale à toutes les volontés du monstre colonial en lui permettant de se transformer en tuteur cruel et mesquin soucieux de préserver son pré carré de toute velléité de souveraineté culturelle, politique, économique et militaire.
Ceux qui, depuis la fin artificielle du colonialisme, ont cherché à extraire leurs pays de cet asservissement honteux et arrogant, y ont perdu le Pouvoir et même la vie. Cela n’a pas impressionné nos frères maliens qui sortent la tête haute d’une épreuve cruelle dont ils pourraient être sauvés par une solidarité nationale et panafricaine que leurs ennemis, ceux d’une Afrique libre et souveraine, chercheront à briser par tous les moyens.
Que Dieu accorde au Peuple du Mali et à tous ceux qui suivent sa voie, une victoire éclatante et pérenne dans leur courageuse lutte pour la liberté et le progrès.
Mamadou DIOP
Le 04 07 2022
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