Gaza : sous le regard passif de la Communauté internationale ? Vous avez dit « passif » ?

Scandre HACHEM

Fin observateur de l’actualité nationale et internationale tout en gardant ses idéaux de jeunesse, Scandre HACHEM fut Directeur de bibliothèques en France. Ses activités politiques au sein de différentes organisations lui ont donné une expérience qui en fait pâlir plus d’un. Resté éloigné du pays pendant 40 ans, il retrouve sa terre natale après sa retraite en 2014.

Comme une rétrospective en accéléré

L’année 2023 permet de rappeler le tableau d’ensemble des exactions de tous niveaux infligées aux Palestiniens à partir des prémisses du futur État d’Israël. Du 1er janvier 2023 au 6 octobre, puis à partir du 7 octobre de la même année, nous assistons, à un rythme accéléré et intensif, comme par une forme de rétrospective ou une répétition générale, à la mise à exécution de tous les types et niveaux d’exactions et qui sont aussi dans la continuité de ce qu’ils subissent depuis 1947 avec le partage de la Palestine en 2 territoires séparés, l’un « aux juifs », l’autre « aux arabes ». Contrairement au récit officiel, le nettoyage ethnique et le

processus de génocide ont commencé à partir de cette date et non à partir de la guerre de 1948 présentée comme la guerre d’indépendance d’Israël tandis que le terrorisme sioniste, dès les années trente, se développait pour, entre autres, créer un fossé entre les juifs de Palestine et leurs voisins et cohabitants arabes. Les sionistes venus d’Europe orientale et

centrale, forts de leurs expériences dans les organisations socialistes ou anarchistes rompues à l’action clandestine et aux actions terroristes, méprisants vis-à-vis des juifs de Palestine

tout en ayant besoin d’eux pour leur servir de main-d’œuvre, les opposer à leurs voisins et créer un fossé de méfiance entre eux, vont organiser des attentats terroristes revendiqués par de prétendus groupes arabes. La multiplication de ces attentats créent en même temps une déstabilisation et une insécurité telles que nombre de propriétaires fonciers préféreront, se mettre à l’abri et vendre leurs terres grassement rétrocédées à des organisations sionistes mondiales créées à cet effet, élargissant ainsi les colonies de peuplement habitées par les

seuls juifs et vidées de leurs ouvriers agricoles arabes et leurs familles*. Les conditions

étaient donc réunies pour que les nettoyages ethniques et/ou les massacres d’envergure, à partir du partage de la Palestine par l’ONU, se mettent en place et soient mises en œuvre par vagues successives à chaque grand moment de conflit, de guerre et/ou de soulèvement et, parmi les plus marquants, 1947-1948, guerres de 1948, 1956, 1967, les grandes périodes

d’intifadas, ….

La constitution des empires coloniaux, une voie balisée

Nettoyages ethniques, apartheid (même quand il ne disait pas encore son nom et sa cohérence juridique comme en Rhodésie et en Afrique du Sud) et massacres de masse ne

sont pas l’apanage de la seule aventure coloniale israélienne, ils sont corollaires à toutes les grandes conquêtes et en particulier des formations coloniales, avec ou sans colonies de

peuplement. Pour les temps modernes, il suffit de rappeler la conquête des Amériques, les

massacres et autres politiques de la terre brûlée organisés par les européens pour la mise en coupe réglée des populations en Asie, en Australie et en Afrique. L’histoire coloniale en est jonchée, elle est faite de génocides, de nettoyages ethniques, crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Celles qui sont perpétrées aujourd’hui à Gaza et, plus à l’abri des caméras, en Cisjordanie, par la soldatesque israélo-américaine, avec la complicité active de l’immense majorité des États européens, sont du même ordre et la même continuité. À la différence

près que ce cycle a de particulier qu’il n’a jamais été aussi intensif dans sa périodicité que démesuré par ses moyens de destruction et de démesure paranoïaque de ses auteurs que celui de la trajectoire coloniale israélienne avec, dès son processus de création, de mise et place et en particulier de son aboutissement à partir de 1947. À la différence près qu’il se déroule aujourd’hui en direct, projeté publiquement comme dans l’intimité de centaines de millions de foyers dans le monde. À la différence près qu’il est porté par l’ensemble des

puissances occidentales et où les États-Unis ont pris le relais de l’Angleterre dans le leadership du dernier vestige de l’ère coloniale.

Vous avez dit regard « passif » ? Non, complicité et participation actives. La vocation coloniale d’Israël doit absolument se maintenir et perdurer ! Le mouvement de la paix qui s’est créé à partir des années quatre-vingts et les accords d’Oslo n’ont réussi à être qu’une parenthèse pour briser cette logique infernale. L’État profond, qu’il soit aux États-Unis, en Europe ou en Israël y veille. Pour en venir à bout, il est nécessaire d’en prendre conscience et d’en étudier la mesure. Et ce ne serait qu’un premier pas, mais un pas nécessaire. Ni, en soi, un problème d’holocauste à résoudre ni d’un sentiment de culpabilité à se décharger.

Comme une préfiguration de retournement de situation ?

S’étant montré dans l’incapacité de remplir la fonction de gendarme régional incontesté au Proche et Moyen-Orient ainsi que les États-Unis projetait de lui en rétrocéder la fonction depuis quelques années, pensant lui avoir assuré sa supériorité écrasante, ces derniers se

sont retrouvés dans l’obligation de revenir par la fenêtre, construire une base au cœur même d’Israël et de participer maintenant directement à la guerre contre la résistance

palestinienne à Gaza avec l’entrée en jeu de leurs forces spéciales et de mercenaires

occidentaux. Il y a encore quelques années, cela aurait été rejeté comme sacrilège par les dirigeants israéliens toutes sensibilités et courants confondus !

* L’acte de vente du Congo a été redécouvert il y a deux. Oserait-on imaginer qu’à l’instar des sionistes, achetant des terres palestiniennes et finissant d’en réclamer l’autorité

politique et d’en vider les palestiniens (argument majeur des sionistes pour justifier la souveraineté sur ces terres tant qu’ils étaient sous l’emprise des dirigeants laïcs), les belges s’étaient arrogé le droit d’habiter au Congo, y exercer l’autorité politique et le vider de ses habitants autochtones ? Qui dit mieux ?

Le 8 novembre 2023

Scandre HACHEM

scandre1@hotmail.com

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