Sénégal 2024 : Une élection cruciale face aux échecs du Plan Sénégal Émergent

Abdourahmane Ba

Ingénieur Statisticien, Docteur en Management Expert en Suivi et Evaluation de politiques et programmes de développement. Auteur publié. Plus de 22 ans d'expérience en évaluation de politiques et programmes. A travaillé avec plusieurs organismes et bailleurs de fonds internationaux. A servi comme expert international dans plus d'une dizaine de pays en Afrique de l'Est, de l'Ouest et du Centre. A conçu et piloté le système de S&E de plusieurs programmes de développement au Sénégal avant d'aller à l'international.

À l’approche des élections cruciales de 2024 au Sénégal, le pays fait face à un tournant décisif, marqué par des enjeux politiques et les limites du Plan Sénégal Émergent (PSE). Cette période offre l’opportunité de réorienter les efforts vers une gouvernance transparente et une diversification économique plus robuste. Le prochain régime devra tirer parti des ressources pétrolières et gazières pour stimuler l’industrialisation et créer des emplois, tout en mettant en place des politiques de développement durable. Des réformes dans la gouvernance, la justice, et la décentralisation sont essentielles pour restaurer la confiance des citoyens et assurer une distribution équitable des bénéfices. La mise en œuvre de ces changements est vitale pour le Sénégal afin de garantir un avenir inclusif et prospère pour tous.

À la veille d’une élection présidentielle décisive au Sénégal (février 2024), le paysage politique se trouve fortement dominé par des manœuvres tactiques centrées sur le processus de parrainage, une pratique qui semble viser l’élimination ou l’affaiblissement des adversaires politiques les plus significatifs du régime actuel. Cette situation, combinée avec l’absence d’évaluations indépendantes rigoureuses et des partenaires techniques et financiers qui adoptent un langage trop diplomatique« pour ne pas froisser Laam-tooro Universel », risque d’éclipser les débats cruciaux sur des questions économiques et sociales pressantes, ainsi que sur les orientations stratégiques des politiques publiques à venir. Dans ce contexte préélectoral chargé, l’importance d’une analyse critique et évaluative par des experts indépendants devient primordiale pour maintenir une perspective équilibrée.

En tant qu’expert évaluateur international en évaluation des politiques publiques, mes observations et analyses sur les données socioéconomiques récentes du Sénégal disponibles, fondées sur des informations probantes validées au niveau national et à l’international, révèlent des contreperformances notables dans la réalisation du PSE. Il est impératif de diffuser ces constatations pour potentiellement contribuer dans l’enrichissement le débat électoral, en déplaçant l’accent des manœuvres politiciennes vers des discussions plus constructives et centrées sur des politiques de développement essentielles au progrès et au bien-être des citoyens sénégalais et de leurs partenaires internationaux.

Le PSE, promulgué en 2014 par le régime sortant avec l’enterrement du Plan « Yoonu Yokkute » lancé en 2012, vise à propulser le Sénégal vers une émergence économique et sociale. Ses objectifs principaux sont de positionner l’économie sur un chemin de croissance forte, inclusive et durable, tout en créant des emplois et en préservant l’environnement et les ressources naturelles. Le plan cherche également à consolider un système politique basé sur la démocratie, la bonne gouvernance et l’État de droit. Il met l’accent sur la promotion des valeurs culturelles essentielles telles que le travail, l’évaluation, la responsabilité, la citoyenneté et la solidarité. Enfin, il vise à assurer la sécurité nationale, à développer de manière équilibrée le territoire sénégalais, à renforcer la cohésion nationale et à contribuer à la paix et à l’intégration au sein du continent africain.

En dépit d’un accent mis sur d’imposantes infrastructures dans le cadre de la mise en œuvre du PSE – autoroutes, Bus Rapid Transit (BRT), Train Express Régional (TER), et autres projets majeurs concentrés essentiellement dans l’axe Dakar-Thiès-Diourbel, dont certains sont toujours en cours d’exécution et d’autres affichant des impacts mitigés sur le quotidien des citoyens – l’analyse de la performance du PSE jusqu’en 2023 révèle des échecs critiques. Ces projets d’envergure, bien que symbolisant le progrès, n’ont pas suffi à impulser une croissance économique alignée ou supérieure aux moyennes régionales de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) malgré la crise dans les pays du Sahel, Mali, Burkina Faso et Niger, et en Guinée et Guinée Bissau. Cette situation est le reflet d’une stratégie de développement économique peu diversifiée et inefficace, surtout dans les secteurs clés l’économie sénégalaise.

Parallèlement, les politiques de développement humain et social semblent avoir été reléguées au second plan, comme en témoigne l’inexploitation du potentiel de la démographie jeune du pays et des lacunes persistantes dans les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle, entraînant une hausse de l’immigration clandestine. Le secteur agricole, traité comme le parent pauvre du PSE, connaît une croissance insuffisante, illustrant un écart considérable entre les objectifs ambitieux et les réalisations concrètes. L’escalade de l’inflation ces dernières années révèle des défauts dans la gestion macroéconomique, affectant principalement les populations vulnérables et révélant des manquements dans les politiques fiscales et sociales. En outre, les problèmes de gouvernance sous le régime actuel, marqués par des pratiques de corruption et des faiblesses dans l’État de droit, la justice et la gestion des ressources publiques, mettent en lumière une discordance entre les investissements dans les infrastructures et l’impact réel de ces mesures sur le développement économique, social et institutionnel du pays.

Axe 1 : Promesses non tenues, le fiasco de la transformation économique

L’analyse de la performance dans la mise en œuvre de l’axe 1 du PSE – Transformation structurelle de l’économie et Croissance – en 2023 révèle des incohérences substantielles dans l’exécution des politiques de développement économique. La croissance économique du pays, enregistrée à 4,2% en 2022, est significativement inférieure à la moyenne de 5,6% de l’UEMOA. Ce chiffre, bien qu’indiquant une certaine dynamique haussière depuis la crise liée à Covid-19, suggère une insuffisance dans l’efficacité des stratégies de diversification économique, particulièrement dans les secteurs à haute valeur ajoutée comme la chimie, l’horticulture, et les technologies de l’information et de la communication. Cette sous-performance pointe vers un écart notable entre les politiques économiques planifiées et leur mise en œuvre effective.

Sur le plan démographique, d’après les données du dernier recensement national, le Sénégal présente une structure de population jeune, avec 39,2% de la population en dessous de 15 ans, et la moitié de moins de 19 ans. Cependant, cette jeunesse démographique n’est pas actuellement exploitée de manière optimale dans la constitution du capital humain, une lacune qui se reflète dans la préparation insuffisante de la main-d’œuvre pour les exigences d’une économie moderne et diversifiée. Ces lacunes se sont manifestées avec l’immigration clandestine désespérée montante et inquiétante vers l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique. Le déséquilibre entre les objectifs éducatifs du PSE et les résultats en termes de compétences et de formation de la main-d’œuvre souligne un manque d’alignement énorme entre les besoins démographiques et la planification du développement des ressources humaines où les gouvernements successifs du régime depuis 2014 ont montré des faiblesses certaines dans l’atteinte des résultats escomptés.

L’analyse de la distribution démographique révèle aussi des disparités de genre, avec un rapport de masculinité de 110,8 garçons pour 100 filles chez les moins de 15 ans, et une inversion de cette tendance en faveur des femmes dans les tranches d’âge de 15-34 ans et plus de 60 ans (sic !). Ces données (si confirmées !) impliquent la nécessité d’une planification de développement inclusive plus accrue qui tienne compte de ces dynamiques de genre, signalant des transitions démographiques cruciales, dans la formulation des politiques économiques et sociales. Ce qui a été complétement ignoré dans la mise en œuvre initiale du PSE.

Parlons du secteur agricole avec une part significative de la population (45,6% des ménages), qui montre une croissance très limitée de 0,3% en 2023 (comparée à la croissance démographique de 2,9%), ce qui indique un manque d’efficacité dans l’application des politiques de modernisation agricole tant chantée dans le PSE. Ce déficit, un des plus patent des contreperformances du PSE, montre clairement une inadéquation entre les ambitions de modernisation du secteur agricole formulées dans le PSE et les résultats très faibles obtenus, soulignant l’écart entre les objectifs politiques et leur réalisation pratique.

Enfin, le pic inflationniste de 14,1% en novembre 2023, point culminant d’une crise cyclique des systèmes de production et d’approvisionnement des marchés au Sénégal, pose des questions critiques sur la stabilité macroéconomique du pays, pourtant tant chanté par un gouvernement qui nous a habitué à des chiffres de croissance qui font rêver. Cette inflation élevée qui affecte en première place les populations les plus défavorisées et sans résilience souligne des insuffisances dans la conception et la mise en œuvre effective des politiques fiscales destinées à stabiliser l’économie et les filets sociaux pour protéger les ménages vulnérables qui constituent la majorité au Sénégal, surtout en milieux rural et péri-urbain. Ce qui est aggravé par l’hétérogénéité des tailles de ménages pointé par le dernier recensement national et les disparités entre les zones urbaines et rurales en l’absence d’une approche différenciée des politiques publiques pour répondre aux besoins spécifiques variés des populations.

En somme, l’analyse évaluative de la mise en œuvre de l’axe 1 du PSE révèle une absence d’une stratégie et d’un plan cohérent pour mieux aligner les politiques économiques, éducatives et de développement avec les réalités démographiques et économiques complexes du Sénégal, en vue de promouvoir une croissance économique durable et inclusive, objectif important du PSE.

Axe 2 : L’Effondrement du Capital humain et de la Protection sociale dans le PSE

L’évaluation des performances du Sénégal dans l’implémentation de l’axe 2 du PSE – Capital humain, Protection sociale et Développement durable – révèle aussi des contre-performances notables. La décélération de la croissance économique du Sénégal, passant de 6.5% en 2021 à 4.2% en 2022, a eu un impact significatif sur le financement des secteurs clés tels que l’éducation et la santé. Cette réduction de la croissance, exacerbée par des chocs économiques externes, a entraîné un recul des investissements dans ces domaines essentiels au développement du capital humain. Par exemple, le budget alloué à l’éducation, essentiel pour atteindre les objectifs du PSE en matière d’éducation de qualité pour tous, a subi des contraintes majeures, limitant ainsi l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité de l’éducation. Cela est aggravé par les crises universitaires successifs et l’état de chantier des universités régionales dans leur majorité.

En novembre 2022, l’inflation au Sénégal a atteint un sommet historique de 14,1%, exerçant une pression accrue sur les ménages à faible revenu et exacerbant leur vulnérabilité économique. Cette montée vertigineuse du coût de la vie a non seulement menacé les avancées en matière de protection sociale, mais a également rendu illusoires les efforts de redistribution de revenus aux plus pauvres et la protection sanitaire des retraités. L’escalade des prix des biens et services essentiels ainsi l’augmentation des prix ou la surfacturation de l’électricité a frappé de plein fouet les ménages vulnérables, accroissant leur basculement dans la pauvreté, un enjeu majeur que le PSE s’efforce de résoudre sans succès.

La situation macroéconomique, caractérisée par une détérioration du déficit du compte courant exacerbée par l’augmentation des coûts d’importation, a considérablement restreint la capacité du pays à allouer des ressources suffisantes pour les investissements domestiques essentiels, en particulier dans les domaines prioritaires du PSE. Cette réalité, impactant directement la balance des paiements, a limité l’espace budgétaire nécessaire pour les investissements clés en capital humain et en protection sociale, freinant ainsi les objectifs ambitieux du PSE. De plus, la situation budgétaire du pays, marquée par un déficit budgétaire de 6.7% du PIB et une dette publique alarmante de 76.6% du PIB en 2022, pose d’importantes contraintes financières et de solvabilité. Cette conjoncture de dette croissante et de déficit budgétaire élevé entrave la capacité du gouvernement à financer des initiatives cruciales pour le développement du capital humain et l’établissement de filets de protection sociale robustes, essentiels pour le progrès et la stabilité sociale du pays. Malgré l’implémentation de mesures telles que les transferts monétaires pour réduire la vulnérabilité économique, l’efficacité de ces interventions reste questionnable. La persistance de la pauvreté et de la vulnérabilité, en particulier dans les régions rurales, suggère que les mesures actuelles ne sont peut-être pas suffisamment ciblées ou étendues pour répondre efficacement aux besoins des populations les plus démunies.

Les inondations successive tout au long de la mise en œuvre du PSE, exacerbées par les changements climatiques, ont mis en lumière la vulnérabilité du secteur agricole. Cette vulnérabilité a fini de mettre à nu l’absence d’une stratégie de développement durable qui intègre effectivement la résilience climatique. Le secteur agricole, un pilier de l’économie sénégalaise, est le parent pauvre du PSE et n’a pu assurer sa durabilité face aux défis climatiques.

Les réformes économiques prévues, notamment dans le domaine des subventions à l’énergie et des ajustements fiscaux, devant présenter des opportunités de réallouer les ressources vers des priorités plus urgentes, n’ont fait que réduire la résilience des populations de plus en plus pauvres. Par ailleurs, ces réformes initiées n’ont pas enregistré les succès escomptés surtout dans leur capacité à atténuer les impacts sur les ménages vulnérables et à favoriser une croissance inclusive, alignant ainsi les dépenses publiques avec les objectifs ambitieux du PSE.

En somme, l’analyse des données économiques récentes suggère que le Sénégal est confronté à d’importants défis dans la réalisation des objectifs de l’axe 2 du PSE. Les contraintes budgétaires, l’inflation élevée, la vulnérabilité aux chocs climatiques et la persistance de la pauvreté et de la vulnérabilité économique sont autant de facteurs qui entravent les progrès dans le développement du capital humain, la protection sociale et le développement durable.

Axe 3 : Le PSE et la quête inachevée de transparence et d’équité au Sénégal

L’analyse approfondie des performances du Sénégal dans la mise en œuvre de l’axe 3 du PSE – Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité – révèle des contreperformances notables dans plusieurs domaines clés. La gouvernance, un élément central de cet axe, montre des signes de faiblesses, notamment en termes de corruption et de détournement de fonds publics. Des rapports indiquent que des ministères clés, tels que ceux des Transports, de la Santé, et de l’Éducation, sont touchés par ces pratiques, ce qui entrave l’efficacité des politiques publiques et compromet l’allocation optimale des ressources.

Dans le secteur de la justice et des droits humains, bien que des lois soient en place pour interdire les arrestations et détentions arbitraires, la réalité sur le terrain diffère. La corruption dans le système judiciaire et l’influence gouvernementale, les détenus politiques très nombreux, couplés à un arriéré judiciaire considérable, compromettent le droit à un procès équitable et l’accès à la représentation légale. Ce décalage entre la législation et la pratique soulève des questions sur l’efficacité de l’État de droit au Sénégal.

La liberté d’expression et de la presse, bien que garantie par la constitution, est soumise à des restrictions et des pressions. Des incidents de violence, le harcèlement et l’emprisonnement à l’encontre des journalistes, la fermeture des signaux de médias non favorable au désidérata du régime, ainsi qu’une tendance à l’autocensure dans les médias gouvernementaux, limitent l’espace pour un débat public ouvert et transparent. Ces restrictions sont préjudiciables à la création d’un environnement propice au dialogue et à la reddition de comptes.

En termes de gestion des ressources publiques, le Sénégal a fait des progrès dans l’alignement des dépenses sur les priorités de développement. Cependant, la transparence et la responsabilisation restent des défis majeurs. La corruption continue d’entraver une gestion efficace et vertueuse des finances publiques, ce qui est crucial pour la confiance des citoyens et des investisseurs. C’est un des plus grands échecs du régime actuel quand analyse leurs promesses en 2012.

La décentralisation et le renforcement du pouvoir local au Sénégal représentent des leviers cruciaux du PSE pour atténuer les disparités régionales et stimuler un développement territorial harmonieux. Cependant, l’efficacité de ces réformes nécessite une évaluation et une adaptation constantes pour garantir un impact positif sur le développement local. Actuellement, l’application de ces mesures affiche des résultats inégaux, avec une tendance marquée à la discrimination basée sur l’appartenance politique des dirigeants des collectivités territoriales. Cette situation est exacerbée par des actions politiquement motivées, telles que l’arrestation de plusieurs maires de l’opposition ou l’ouverture d’enquêtes judiciaires à leur encontre, soulignant les défis persistants dans la mise en œuvre d’une décentralisation véritablement équitable et efficace.

La mise en place de mécanismes de dialogue entre l’État, la société civile, le secteur privé et les citoyens est nécessaire pour une gouvernance améliorée au Sénégal. Néanmoins, l’efficacité de ces dispositifs dans le développement et l’évaluation des politiques publiques requiert une analyse approfondie pour s’assurer de leur effectivité et impact réel, au-delà d’une simple fonction symbolique ou politique politicienne, et de leur capacité à induire des changements concrets. Toutefois, les turbulences observées lors des élections législatives de 2022, les difficultés rencontrées par les parlementaires tant de l’opposition que du régime à engager un débat constructif sur le développement national et les législations, ainsi que les tentatives de division et d’intimidation envers les députés de l’opposition, incluant des arrestations, ont sensiblement affaibli le rôle de l’Assemblée nationale dans la facilitation d’un dialogue efficace avec le gouvernement sur des questions de développement cruciales.

En ce qui concerne la paix et la sécurité, des efforts sont déployés pour résoudre les conflits internes, tels que dans la région de la Casamance. Néanmoins, la persistance de tensions et de défis sécuritaires dans certaines régions indique que des stratégies plus robustes et inclusives sont nécessaires pour garantir une paix durable et la cohésion sociale. Aussi la menace terroriste et la crise au Sahel sont des menaces qui existent et qui devront être prise en compte de manière beaucoup plus sérieuse.

En conclusion, l’exécution de l’axe 3 du Plan Sénégal Émergent révèle des faiblesses notables dans la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques. La corruption et le détournement de fonds dans des secteurs clés, combinés à des problèmes dans le système judiciaire et des restrictions sur la liberté d’expression, ont entravé l’efficacité des politiques publiques. Les défis de transparence et responsabilisation persistent dans la réalisation des objectifs ambitieux du PSE en matière de gouvernance efficace et de développement durable au Sénégal.

Repenser le développement face aux échecs du PSE et aux opportunités du Gaz et du Pétrole

La période préélectorale, marquée par des stratégies politiciens complexes et les défis échecs persistants du PSE, met en lumière l’urgence de réformes substantielles et d’initiatives ciblées pour un développement inclusif. Les élections de février 2024 se présentent comme un pivot crucial, offrant une opportunité de réorienter les politiques publiques vers une meilleure gouvernance, une économie diversifiée, et des services publics plus efficaces. L’accent doit être mis sur l’indépendance des évaluations des politiques publiques et sur une gouvernance transparente pour corriger les lacunes du PSE, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, et des infrastructures.

Pour impulser un changement significatif, le prochain régime devra se concentrer sur l’exploitation judicieuse des ressources pétrolières et gazières imminentes, en les utilisant comme un levier pour l’industrialisation et la création d’emplois, particulièrement pour la jeunesse majoritaire. Une stratégie efficace d’industrialisation, axée sur la transformation locale des matières premières et le développement de secteurs clés comme l’agriculture et la technologie, est essentielle. Parallèlement, il faut assurer une gestion écologique et responsable des ressources naturelles, en instaurant des mécanismes de redistribution équitable des revenus issus du pétrole et du gaz pour financer des investissements stratégiques dans les infrastructures et les services de base.

La transparence dans la gestion des ressources publiques est primordiale pour restaurer la confiance dans les institutions. La lutte contre la corruption, la réforme du système judiciaire, et le renforcement de la liberté d’expression doivent être des priorités. La décentralisation doit être mise en œuvre de manière équitable, en évitant les pratiques discriminatoires et en favorisant un développement régional harmonieux. Le renforcement du dialogue entre l’État, la société civile, le secteur privé et les citoyens est également crucial pour une gouvernance participative.

En conclusion, les élections de 2024 représentent une chance pour notre de tracer une nouvelle voie vers un développement inclusif et durable. Une utilisation stratégique des revenus pétroliers et gaziers, couplée à une industrialisation ciblée et à des politiques de développement durable, permettra de franchir un cap décisif. Pour atteindre ces objectifs, la prochaine administration doit s’engager à renforcer les capacités industrielles et technologiques du pays, investir dans l’éducation et la formation professionnelle, et assurer une gouvernance transparente et responsable.

Dr Abdourahmane Ba

Expert international en évaluation de politiques publiques

Kaolack, Sénégal. rahurahan@gmail.com, +221772296521

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